Un film de fantasmes. Une hôtesse de l'air. Américaine. Qui découvre Paris. Prête à tout pour garder son homme, ou celui qu'elle croit sien. Un cartomancien androgyne. Des stripteaseuses pleines d'imagination. Et beaucoup de néons !!
Une question de point de vue... Alors que l'on suit d'abord la jeune hôtesse de l'air Ginny, on s'amuse de sa vision mielleuse de la vie, son allure parfaite, son sens inné du service. On partage son incompréhension du suicide de son compagnon Paul. Comme ses amies, on souhaite qu'elle s'amuse à Paris pour oublier. Une petite aventure ? Pourquoi pas ! C'est peut-être un peu tôt, mais après tout qui sommes-nous pour juger ? Le revoir ? C'est charmant ! Expliquer à son aventure d'un soir la mort de son ex-compagnon ? Boh, c'est pas le moment ! (comme la capote d'ailleurs). Tout quitter pour s'installer à Paris ? C'est un peu fou (elle est hôtesse de l'air), mais étant donnée sa situation... Habiter en face de lui ? C'est franchement bizarre, mais bon... Devenir hôtesse de charme ? Ca craint, mais bon ya pas le choix... Etc. Autant que la jeune femme, nous sommes peu à peu captivés par cette aventure, oubliant finalement toute raison. Et puis Jérôme a ce charme mystérieux... Et nous sommes peu à peu convaincus comme elle qu'elle trouve la bonne voie.
En même temps, nous ne sommes pas dans la tête de Jérôme, on sait à peine son rôle dans cette boîte de nuit. On ne connait pas son passé sentimental, sa disposition sentimentale. Il se garde bien de les partager. Par abus de pouvoir ? Par fausse sympathie ? Par lâcheté ? Au spectateur distant, ni éméché, ni amoureux (malgré le charme certain), il semble plutôt clair que l'individu n'est pas du genre à qui faire confiance. On s'en amuse d'abord. On y croit un peu ensuite. Puis viennent les « emmerdes » (l'ex qui revient), et là, on se rend bien compte que ce n'est pas clair. Sauf si l'on est amoureux. Et c'est à ce moment que l'on se détache de Ginny car on comprend enfin le ballet de Jérôme, bien plus attaché à son « ex » qu'à notre hôtesse. Mais celle-ci reste fermement attachée à son moustachu qu'elle continue d'épier, jusqu'à la déraison.
C'est drôle d'ailleurs d'observer qu'au retour chez le cartomancien, le même message est interprété avec force dans deux directions contraires par chacun des personnages.
Est-ce la mort qui a fait perdre à la vie toute réalité ? Ou bien une faille psychologique latente ?
Ou bien les barrières de la langue qui ne permet pas de se comprendre ? La différence des cultures ?
La distribution dangereuse du désir.