Le premier film (C’est quoi cette famille ?!) ne parvenait guère à mêler la comédie avec la thématique de l’éclatement multiple de la cellule familiale : trop démonstratif, il témoignait de pertes d’énergie comique dommageables. Rien de tel avec cette suite qui délaisse, pour notre plus grand plaisir, le discours social et s’engouffre dans le burlesque déjanté : nous retrouvons mamie folledingue, campée par une Chantal Ladesou en pleine forme, et ses sept nains qui, en trois ans, ont gagnés en profondeur dramatique. Chacun a ses petits problèmes, ses rêves et ses espoirs dans lesquels le public, jeune ou plus âgé, peut aisément se retrouver ; une véritable alchimie se dégage de leurs interactions qui débouchent sur une évolution des trajectoires individuelles à partir de l’épreuve du groupe. Le postulat qui anime le métrage permet aux jeunes acteurs de quitter l’appartement anxiogène et de s’épanouir au soleil du Sud de la France : les parents sont écartés et forment une toile de fond plutôt jubilatoire devant laquelle s’animent des corps marqués par la naissance du désir érotique. La plage recouvre son potentiel sexuel déjà présent chez Rohmer ou chez Kechiche : elle est un lieu d’initiation où les corps se dénudent, se regardent et s’affrontent.
La figure de la grand-mère, là-dedans, c’est la grande adolescente qui refuse de vieillir et que notre famille recomposée doit prendre en charge et recadrer : pas de mamie qui tienne, seulement Aurore. Il fallait bien Chantal Ladesou pour l’incarner. Aussi foudroyante que le prénom de son personnage, elle annonce la cohésion à venir, se place malgré elle au cœur de cette constellation qu’est la cellule familiale fragmentée par les divorces et pourtant réunie, le temps d’un été. C’est quoi cette mamie ?! est un récit d’apprentissage dont le levier principal est comique : le rire montre comment un groupe d’abord uni par des liens de parenté dépasse la relation imposée par le sang pour construire un vivre-ensemble respectueux de l’identité profonde de chacun. En somme, ces frères et ses sœurs refusent le statut de « demi » ou de « cousins » pour refonder un socle commun. On reprochera les facilités, l’absence de parti pris esthétique et artistique, évidemment.