Éric Caravaca joue un homme d'une trentaine d'années en perdition, où sa vie se résume à des sorties en boite de nuit ou aider de manière légère son père, fermier de son état. Celui-ci est englué dans des dettes abyssales, et la crise la vache folle va se mêler à tout ça, le poussant au suicide. Son fils n'a pas d'autre choix, car ses grands-parents sont placés dans une maison de retraite, de reprendre le flambeau de la ferme.
Décédé en 2016, François Dupeyron n'a sans doute pas eu la reconnaissance qu'il méritait, alors qu'il a signé de très beaux films ; entre Drôle d'endroit pour une rencontre, La chambre des officiers ou Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran, le choix est assez vaste. Mais c'est sans compter avec ce film-là totalement oublié qui est donc C'est quoi la vie ? Titre assez passe-partout, mais le sujet rappelle beaucoup ce que Eric Bergeon réussira vingt ans plus tard avec Les fils de la terre, dont les histoires sont au fond parallèles. Car il s'agit avant tout de l'histoire d'hommes qui prennent leurs destins en mains. Ici, Caravaca y est très convaincant, au point d'avoir eu un César du meilleur espoir masculin, car on sent lui la bascule au moment où son père disparait, touchant Jean-Pierre Darroussin. Mais le plus beau personnage est peut-être Jacques Dufilho, le grand-père, qui incarne en quelque sorte la mémoire de cette terre, dont on pressent qu'il a un début d'Alzheimer, et qui ne semble vivre que pour cette ferme dont il tient tant. La photographie, signée Tetsuo Nakata, y est très belle aussi, quoiqu'on n'échappe pas au côté carte postale ou (pseudo) publicitaire, mais cela donne un côté véritable à cette tragédie malheureusement encore contemporaine, mais il y a aussi un espoir qui subsiste avec ce film qui décide de changer, par conviction et par amour, pour donner le meilleur de lui-même dans la reprise de la ferme familiale.