Si le débat sur l'énergie nucléaire et ses déchets radioactifs ne vous ont pas convaincu et que le Toxic Avenger V se fait attendre, prenons un autre cas de figure dans l'exercice du scénario catastrophe : C.H.U.D.
Bâti sur un axe "destins croisés" (cf. la liste hilarante de parasauropholus), les futurs participants de "Maman, j'ai raté l'avion", Daniel Stern et John Heard, se dressent contre le monde corrompu des sociétés de traitement de déchets hautement toxiques. Pour empêcher la monstrueuse conception de Macaulay Culkin ? C'est envisageable.
En réalité, ils ont tissé des liens étroits avec la population new-yorkaise des années 80 : des sans-abri, des marginaux armés de perceuses, des vétérans du Vietnam assoiffés de vengeance, des conducteurs de taxi à la coupe avant-gardiste, etc. Par souci d'attachement, la disparition de certaines personnes les mènera dans les tréfonds de la ville, au sein de l'étouffant réseau d'égouts, pour découvrir l'épouvantable révélation.
Amateurs de gore éclaboussant, passez votre chemin : ce film n'est pas propre, mais votre appétit ne sera pas satisfait. Les exécutions des victimes ne dégoulineront pas sur votre écran et les hurlements de douleur ne défonceront pas vos tympans. Simplement, le réalisateur introduira l'action et vous présentera ses effets, à vous d'imaginer ce qui a bien pu se passer entretemps. Une technique à double tranchant, qui enchante ou frustre selon les attentes. On peut heureusement compter sur la crédibilité des protagonistes, plus précisément le délinquant repenti (Daniel Stern) et le flic désabusé (Christopher Curry), par leur complémentarité captivante. Un duo qui neutralise littéralement l'intrigue paralèle du photographe (John Heard) superflue. Ainsi le rythme de C.H.U.D. se retrouve haché par les égarements des scénaristes, plombant partiellement l'atmosphère crasseuse du ghetto new-yorkais (la scène du parc, les séances photos chic).
Cependant, les monstres à l'acronyme séduisent grâce à leur costume kitsch aux yeux jaunes étincelants, inspiré des films des années 50. Ces cannibales souterrains, allergiques aux caméras et aux compteurs Geiger mais friands de fonctionnaires de police, ont été défigurés par les déchets radioactifs avoisinants. Leur force décuplée, ces clochards mutants peuvent enfin manger à leur faim, sans être craints par la haute société.
En bref, C.H.U.D. est attachant. Titubant par moments, le charme opère in fine, grâce à une mise en scène volontairement putride et à ses acteurs impliqués, y compris la courte apparition de John Goodman. On espère seulement que les Tortues Ninjas ont réglé le compte de ces carnivores de bas étage qui constituent une menace pour les pizzas au jambon.