Attention. Cette critique contient des éléments de l’intrigue ou de l’histoire qui pourraient offenser certains lecteurs. Si vous n’avez pas vu le film, je vous recommande d’arrêter votre lecture et de voir Ça sinon vous risquez de vous faire divulgâcher votre expérience. Si vous l’avez vu ou alors que vous vous en foutez royalement, poursuivez votre lecture au prochain paragraphe.
Ceux et celles qui me connaissent bien savent tout “l’amour” que j'ai envers la première adaptation de l’œuvre de Stephen King, je parle bien sûr du téléfilm Ça “Il” est revenu sortie en 1990. Je vous invite à lire ma critique disponible juste ici. C’est donc avec une immense joie qu’il y a quelques années, j’ai appris la mise en chantier d’un remake du film qui a traumatisé une génération entière d’enfants, dont je ne faisais malheureusement pas partie. Même si j’attendais la venue de cette nouvelle version, j’avais tout de même quelques craintes.
1. Ça avait déjà été adapté par le passé, et c’était selon moi, un échec.
2. Le film allait être réalisé par Andy Muschietti, celui qui nous a offert le film d’horreur Mama, film que j’ai encore plus détesté que la première version de Ça, c’est dire...
3. La bande-annonce ne m’avait que très peu convaincu.
Par contre, les premiers retour du film était très favorable, donc je suis allé au cinéma confiant en me disant que ce ne pourrait pas être pire que la précédente version...
1989: Les enfants commencent à disparaître mystérieusement dans la petite ville de Derry dans l’État du Maine. Un groupe de sept jeunes adolescents seront confrontés aux apparitions d’un mystérieux clown qui prend l’apparence de leur plus grande peur. Afin de mettre un terme à tout cela, le groupe décide d’unir leur force et d’aller dans les égouts de Derry pour tuer la chose qui semble terroriser la ville toute entière depuis bien avant leur naissance, cette chose qui semble revenir tous les 27 ans, cette chose dont ils nomment “Ça”.
Le plaisir de voir une nouvelle adaptation du roman Ça fut de courte durée puisque dès le début du film, on a droit à quasiment à une scène reprise plan par plan du téléfilm de 1990 “Youppie..” (fausse joie). Je parle de la rencontre entre le petit Georgie et de Grippe-sou, le clown cabriolant. Je trouve le nouvelle interprète du clown, Bill Skarsgard, pas du tout à la hauteur de mes attentes. En le voyant, je n’ai pas vraiment peur. Certes il est moche, mais aussi très ridicule physiquement, avec son strabisme et ses deux longues incisives. Où est la classe et la simplicité que nous avait offert Tim Curry dans l’ancienne version ? Je pouffe de rire sur mon siège. Je trouve Georgie très naïf de ne pas fuir devant un clown aussi moche. Je continue à regarder la scène avec un sentiment de déjà vu, des répliques que je connais presque par coeur entre le jeune garçon et le clown. Voilà que Georgie s’approche pour prendre son bateau de papier et on voit Grippe-sou ouvrir sa bouche fait en mauvais CGI avec un nombre incalculable de temps... non mais dans quoi je me suis embarqué ?!... je penche ma tête de honte... j’entends Georgie crier.. mais qu’est-ce qui ce passe?... je regarde... Oh putain ! OH PUTAIN !!! IL LUI A ARRACHÉ SON PUTAIN DE BRAS !!!! Je regarde le pauvre Georgie se trainer sur l’asphalte mouillé sous une pluie battante avec son moignon ensanglanté... Mais quel beau plan ! Je jouis!!! Puis Georgie se fait entraîné par ÇA à travers la bouche d’égout. C’est le plus beau moment de ma vie ! Le film n’a même pas 10 minutes d’écoulé, et déjà on a une mort culte qui restera dans les annales des films d’horreur !
Juste avec cette scène, le film fait une rupture de ton avec l’œuvre précédente par l’entremise d’une scène que les amateurs du téléfilm croyait avoir déjà vu, mais qu’ils redécouvre grâce au ton plus sombre de ladite scène. Une sombreur que je ne m’attendais pas vraiment à voir après la version très édulcorée de 1990, mais qui est tellement rafraîchissant à voir. D’habitude je n’ose pas m’aventurer sur ce détail, mais le fait que le film ait été classifié “Rated R” aux États-Unies a été un grand bénéfice pour l’œuvre. C’est ainsi qu’on a droit à des scènes beaucoup plus violentes. Comment ne pas avoir peur pour les personnages principaux après avoir vu la traumatisante scène d’intro. On a aussi droit à quelques plans crues comme le bras cassé d’Eddie ou la mutilation que subit Ben par Henry Bowers. Autre moment marquant, c’est la scène où Beverly Marsh se retrouve dans la salle de bain et aura sa première rencontre avec ÇA. Une scène franchement efficace et excessivement sanglante qui ne fait pas sans rappeler une ou plusieurs scènes de rêve dans la saga Freddy Krueger. (D’ailleurs, étant fan de ce boogeyman, j’ai beaucoup apprécié le clin d’oeil à la saga de l’homme aux griffes d’acier. Merci Muschietti ! ) Mais il n’y a pas que la violence qui profite de la classification “Rated R”, il y a également le style d’humour, beaucoup plus cru et “adulte” qu’on retrouve rarement dans des films dit “familiaux”. Le personnage de Richie Tozier vole ainsi la vedette grâce à ses blagues vulgaires qui lance à ses amis durant tout le long du film et qui m’a fait déclenché bon nombre de rires.
Le film Ça offre du même coup un bel équilibre entre l’horreur et l’humour. Tantôt le film nous offres de jolie moments de tensions, avec quelques jumpscares efficaces. Il nous offre aussi quelques moments beaucoup plus décontracté, notamment avec les scènes qui met en vedette le Club des Ratés. On a pas de difficulté à croire à la relation d'amitié et de longue date entre certains des personnages, ce qui en font des personnages beaucoup plus réalistes et intéressant à suivre. Moi aussi j’aurai voulu trainer avec ce groupe de jeunes ados, sauter du haut d’une falaise en bobettes, et tomber amoureux de Beverly Marsh. Il va sans dire que le fait que le film se déroule à la fin des années 80 (au lieu des années 50 comme dans le roman et le téléfilm) m’aide à m’identifier à ce groupe de personnage, étant moi-même née à la fin de ces années-là. Le sentiment de nostalgie a donc joué un grand rôle dans mon appréciation du film. Finalement, le tout est magnifiquement mise en scène par le réalisateur qui nous offres des plans soignées et recherché. Tommy Lee Wallace peut aller se recoucher avec ses plans plats et sans saveurs.
Je veux également parler des personnages. Tous les acteurs enfants sont excellent. Je dis bien TOUS. Je veux dédier quelques mentions spéciales à l’acteur Finn Wolfhard, qu’on a pu voir dans la série Stranger Things, et comme j’ai dit plus tôt, vole la vedette dans le rôle de Richie Tozier grâce à ses blagues salaces. Jack Dylan Grazer tire également son épingle du jeu pour son rôle du mysophobe Eddie Kaspbrak. J’ai vraiment été impressionné par son jeu d’acteur, très réaliste dans ses expressions. Puis il y a la jeune Sophia Lillis pour son rôle de Beverly Marsh qui m’a fait tomber amoureux d’elle pendant près de 2h15 (j’entends les sirènes de police au loin, sale pédophile !). Elle est juste splendide, dégage un je-ne-sais-quoi et porte une bonne partie du film sur ses épaules. Du côté des méchants, Nicholas Hamilton est très talentueux dans son rôle d’adolescent psychopathe Henry Bowers. Pour ce qui est de Grippe-sou, je suis assez mitigé par l’interprétation de Bill Skarsgard. N’ayant pas peur des clowns d’emblée, je n’étais pas effrayé par le nouveau clown. Comme mentionné au début de ma critique, ce Grippe-sou ci est moche physiquement et fait plus rire qu’autre chose. Sa manière d’agir et de bouger est toutefois très déconcertante. Je suppose qu’il voulait un ÇA beaucoup plus bestiale/monstrueux que l’ancienne version. D’ailleurs à la toute fin du film lorsque Grippe-sou se fait foutre une raclée par le club des Ratés, la manière que ÇA bouge et se transforme à répétition, m’a beaucoup fait penser à la créature extraterrestre du film L’Effroyable chose de John Carpenter. Une inspiration peut-être ?
En conclusion, Ça: Chapitre Un est une réussite. Grâce à sa violence gratuite, à ses jeunes interprètes de talents et à ses images magnifiques, le film à tout pour éclipser l’ancienne version sortie 27 ans plus tôt. Ça: Chapitre Un fait littéralement passer le téléfilm pour un film pour enfant... ce qu’il était au final. Après tant d’année d’attentes, le roman Ça de Stephen King a enfin droit à une adaptation fidèle dans l’âme et digne de mention au cinéma.