La critique la plus simple et claire qui soit lorsque l'on parle d'un film d'horreur est évidemment de dire que celui-ci ne fait pas peur. Le problème avec ce type de critique, c'est qu'on se limite à ce que l'on voit à première vue. On ne regarde que la substance sans vraiment faire l'effort d'aller plus loin. Et en soit cela n'est pas vraiment un écueil, mais il est quand même nécessaire de faire un point sur le sujet à travers le cas de It.
It est donc un film d'horreur réalisé par Andrés Muschietti, connu pour son film Mama, qui avait suscité à l'époque une émulsion considérable. Le rôle de It a été confié a Bill Skarsgard, et il est intéressant de noter la présence de Finn Wolfhard, jeune acteur de talent qui jouait déjà dans l'excellente série Stranger Things.
Loin de moi l'idée de dire que le film ne fait pas peur, car en effet j'ai eu moi même de très nombreux sursauts et frissons pendant l'intégralité du long-métrage, mais je pense que le propos réside dans autre chose. Et pour cela, il me faut revenir sur un point essentiel : l'écriture.
En effet, l'écriture est sans doute le problème majeur qui revient le plus dans le cinéma d'horreur de ces dernières années : incohérences, personnages inutiles, aucun attachement, etc... Et avec la prolifération pérenne du genre depuis quelques années, cela devient de plus en plus flagrant.
Dans It, l'écriture est plus que remarquable. je m'explique : je ne parles pas du scénario en lui-même, soit l'intrigue principal, qui, bien qu'elle soit efficace, reste des plus classiques, je parle de l'écriture profonde, du propos profond. Et si l'on compare It a n'importe quel film d'horreur récent, on ressent quelque chose immédiatement, la profondeur des personnages. Chaque personnage possède un développement à part entière (cela est aidé par la longueur du film, plus long que la moyenne du genre), qui prend presque le dessus à mon sens sur la partie horrifique du long-métrage. On arrive même à concevoir les relations familiales des personnages (qui est très rarement abordée), et c'est LA que le film prend son sens. Si on s'attarde sur la relation qu'entretiennent les personnages avec les membres de leur familles, quelque chose ressort immédiatement: les adultes sont tous effroyables. Et pas effroyable au sens de bizarre, mais au sens d'effrayant. Cela me permet d'avancer le fait que pour moi, le film ne parle pas uniquement d'adolescents qui se battent contre leur peurs les plus profondes et grandissent à travers cela, mais pour moi le film dépeint une fresque effroyable sur la jeunesse de l'amérique profonde qui lutte pour quelque chose de plus grand que simplement leur peurs : grandir. Car en fait ce qui représente la menace la plus forte sur les personnages, ce n'est pas la créature, mais bel et bien les parents des enfants. Entre le père violent, le père obsédé, et la mère complètement cinglée cherchant a tout prix à protéger son fils contre la moindre menace, c'est dans les scènes de la vie de tous les jours que le film devient le plus effrayant. C'est d'ailleurs lorsqu'enfin chacun de son côté va réussir à lutter contre cette menace qu'ils vont réussir a vaincre la créature.
Et c'est en ça que je dis que It ne fait pas peur. C'est que ce qui fait en fait le plus peur a mon sens n'est pas le clown (même si c'est le cas), mais la toile de fond sociale.
Je n'émet ici que mon humble opinion, je ne pense en aucun cas détenir la vérité, mais c'est ce que le film m'a dit personnellement.
Pour revenir un peu plus sur mon avis global, je dirai simplement : allez le voir!
Merci Andres Muschietti pour ce film.