Que critique-t-on quand on s'exerce à ce jeu ? L'oeuvre en tant que telle ou, par exemple et dans le cas présent, l'adaptation d'une oeuvre inadaptable ? Est-il possible de se sortir de ce piège ? Le critique en herbe répond : non.
Pourquoi faut-il regarder ce film ?
1/ C'est un film d'épouvante. Le but d'un film d'épouvante, c'est d'avoir un peu peur quand même. Sur moi, ça marche, j'ai eu peur. Pas tout le temps et surtout quand on ne voit pas le clown, mais la capacité hallucinatoire qu'il possède génère de bon moments.
2/ C'est un kid buddy movie, qui plus est reconstituant les années 80. Et c'est bien fait. Toutes les références sont là. E.T., les Goonies, Stand by me (tiens, du même gars King..) et pourquoi pas Stranger Things. On est bien, en territoire rassurant. Les gamins sont des nerds et des potes, et récupèrent tous les "marginaux", ou en tout cas, ceux qui, a un âge difficile, ont de la peine à se trouver de la joie de vivre.
3/ On a lu, pas tout, mais beaucoup King. Sa capacité à s'adresser à nos peurs, à aller très loin dans notre psyché. On en retrouve un peu.
Pourquoi ne faut-il pas regarder ce film ?
1/ Frustrant, forcément frustrant. Comment restituer en 2 heures un roman fleuve, qui prend le temps d'installer, de développer tous les personnages, de nous les montrer avec leur enfance en berne, incompris, non entendus, terrorisés par leurs parents ou ce qu'il en reste ? La réponse est triste : impossible.
2/ On n'échappe pas à un clown raté. Mais le cinéaste n'y peut rien. Le clown de Ca, c'est le sien, pas le mien. Le mien, il n'était pas comme ça. Ce roman porte tellement d'images qu'il faut se construire que la résultante de l'un d'entre nous ne peut aboutir à la notre propre. Gageure inatteignable.
3/ On n'échappe pas non plus à une fin ratée. La baston finale ne fonctionne pas.
J'en reviens au début. Le film ne peut survivre au roman. Et donc, que notons-nous ? Le 7, c'est le film, comme si je n'avais pas lu le roman. Mais le vrai film n'existe pas, il n'est que dans ma tête. Va falloir que je le relise...