Les retrouvailles dans l'horreur, l'adieu à l'enfance

Le second chapitre tant attendu est arrivé, d'une durée de presque trois heures pour montrer comment les Ratés, vingt sept ans plus tard après les évènements horribles à Derry, vont régler son compte une bonne fois pour toutes au redoutable Grippe-Sou et son strabisme dérangeant.


Celles et ceux qui ont lu le livre de Stephen King ont été probablement curieux de savoir comment Andy Muschietti allait mettre en images la suite de la lutte entre les héros devenus adultes et l'entité maléfique à nouveau réveillée et affamée.


Sur bien des points, le roman a été élagué d'un paquet de scènes comme cela peut se remarquer d'abord avec le mari de Beverley et l'épouse de Bill Denbrough qui ont une intervention limitée, au même titre qu'Henry Bowers sur le retour et dont le rôle a semblé passer en coup de vent malgré des moments tendus, pour ne citer que cela. Les déceptions peuvent être compréhensibles. Si le réalisateur avait voulu adapter le roman de Stephen King comptant non loin de 1500 pages, il en aurait fait un film qui durerait quatre ou cinq heures sans aucun doute. Ou encore en fallait-il le sortir en feuilleton horrifique télévisé de qualité comme de nos jours ?


Mais que vaut Ça : Chapitre 2 ? Il est loin d'être mauvais malgré son adaptation en partie libre et son élagage du roman était probablement nécessaire. Les attaques de Grippe-Sou sont toujours terrifiantes, montrées plus brutalement et cruellement, en particulier sur des nouvelles victimes dont l'horreur de la situation grandit proportionnellement quand la moyenne d'âge des proies diminue.
La visite de Beverley dans l'ancien appartement où elle vivait avec son père est bien filmée, nous obligeant à scruter des yeux des arrières plans avec lesquels Andy Muschietti s'amuse dans le dos du personnage féminin qui ne s'attend à rien.
Les autres Ratés se voient chacun passer une épreuve de leurs côtés, confrontés à nouveau à leurs peurs les plus profondes, source de force de la chose des bas fonds au charme vicieux et prédateur. Du déjà vécu pour nos yeux, toutefois étoffé par de nouvelles révélations, bien que les situations de redites atténuent l'effet de surprise selon les personnages exposés.


Le casting est très bon entre les situations tendues et sentimentales, avec des trognes en cohérence à celles de leurs alter ego de l'enfance. Les pics d'humour peuvent décontenancer ou être jugés déplacés selon des séquences, notamment quand approche la fin et la dernière confrontation qui sera décisive.
Les transitions entre le passé et le présent sont menées de façon intelligente, gardant la narration fluide.


J'aurais à redire sur la mort physique de Ça, dont l'apparence finale n'est que dévoilée partiellement, malgré que l'on a un aperçu pendant la projection chamanique que Mike Hanlon partage avec Bill Denbrough vers le début du film. On n'a pas droit à une vision cauchemardesque et répugnante d'un monstre innommable du fond des âges. Sa mort, ici, tient plus du cartoon dramatique que de la manière peu ragoûtante dans la version originelle. Mais c'est original.


Néanmoins, pour l'avoir regardée une deuxième fois au cinéma, cette suite plus adulte et malgré tout émouvante procure une satisfaction honorante.

MonsieurScalp
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Les meilleurs films de 2019

Créée

le 16 oct. 2019

Critique lue 305 fois

2 j'aime

MonsieurScalp

Écrit par

Critique lue 305 fois

2

D'autres avis sur Ça - Chapitre 2

Ça - Chapitre 2
MatthieuS
7

Çans merci !

Ça, par exemple… une saga horrifique qui marche aussi bien au ciné et qui provoque autant de hype, je n’imaginais pas connaître cela (on va éviter de mettre trop de « ça » pour des raisons évidentes)...

le 12 sept. 2019

40 j'aime

3

Ça - Chapitre 2
Sullyv4ռ
8

Ça, quel plaisir...

Je me désolidarise totalement de mon titre de critique car je déteste cette expression, mais je me sentais obligé de le faire, et puis sinon c'était "Le marquis de Ça 2" ou "Ça fait rire les oiseaux,...

le 12 sept. 2019

38 j'aime

5

Ça - Chapitre 2
EricDebarnot
2

L'horreur

Comme les héros de Stephen King, il me fallait revenir à Derry, affronter mes pires peurs : que après le pitoyable premier chapitre de l'adaptation grotesque par Andy Muschietti du meilleur bouquin...

le 18 sept. 2019

32 j'aime

6

Du même critique

Jurassic Park
MonsieurScalp
8

Des grands sauriens et des petits hommes

Ce film, je l'avais boudé à sa sortie. Non mais, sérieusement, les aînés à qui je m'adresse ! Oui ceux de mon âge, là ! Rappelez-vous l'énorme boucan médiatique que la sortie du film de Steven...

le 29 avr. 2020

20 j'aime

9

Les Dents de la mer
MonsieurScalp
8

"Il nous faudrait un plus gros bateau !"

Un des premiers blockbusters devenu un bon vieux classique d'épouvante et d'horreur. Certes, le gros squale ne berne plus les yeux depuis longtemps par son apparence grotesque, mais le film se tient...

le 8 avr. 2017

20 j'aime

3

Spider-Man: Far From Home
MonsieurScalp
4

Spider-Boy en vacances ...

Déjà, ça commence mal, car la bande sonore nous sert du Whitney Houston avec "I Will Always Love You", l'un des slows les plus irritants dès que ça crie aux oreilles, ici en chanson commémorative des...

le 12 juil. 2019

19 j'aime

8