L'école voit passer tout un tas de classes sociales, Tavernier choisit de centrer son récit dans le nord. Là où les gens sont plus en difficulté qu'ailleurs. Ils sont victimes du chômage, ce qui apporte avec lui son cortège de précarité, de violence et d'alcoolisme. Tout ce cocktail extérieur à l’école se retrouve subit et surtout à être géré par l'équipe éducative. En première ligne de ce flot continuel de problèmes se trouve son directeur. Philippe Torreton incarne cet homme qui veut faire évoluer les choses. L'acteur se veut incarné par son rôle, seulement son jeu très théâtral n'apporte pas une seconde l'intensité voulue, il est même à l'opposé de ce qu'il souhaite donner. On le sent distant, il joue à l'instit, mais n'a rien d'un instit. Il est totalement factice, il possède tous les tics d'un acteur qui se regarde jouer, mais tout le monde joue mal là-dedans. La faute vient de Tavernier qui dirige mal ses acteurs, aussi bien professionnels qu'amateurs d'ailleurs. Les deux ne jouent pas sur la même tonalité ce qui rend le tout bancal, mais ce qui pèche encore plus est le manque de conviction de tout ce petit monde. Alors oui les amateurs sont des locaux et oui ils ont la gueule de l’emploi, mais ça ne suffit pas à les rende crédible. Avoir une tête de pochtron c'est bien pour le visuel mais ça ne fait pas d'eux des gens capables de tenir un rôle face à une caméra. Toute la misère du monde s’abat continuellement sur eux. Tavernier a un vrai sujet, il dénonce et montre des choses qui existent. S'il est impossible de fustiger son intention de pointer du doigt tous les dysfonctionnements d'un système. La façon de faire de Tavernier est nettement plus discutable, son récit reste très en surface, il montre des choses sans savoir apporter la dose nécessaire de crédibilité. Il enchaîne les clichés les plus basiques sans savoir tisser le tout finement et enfonce toute cette misère dans la caricature la plus totale. L’inspecteur d'académie relève du fantasme, avec son imper façon Colombo et sa manière de parler de la pédagogie, qu'il expédie en un rien de temps. Ce personnage résume à lui tout seul la façon dont Tavernier a travaillé son film, c'est à dire mal. Les dialogues sont loin de sentir le naturel, ils sont trop écrits, ils ne donnent pas l'impression d'être de vrais échanges proche du réel. Ils sentent la machine à écrire, ça coule mal. Si le film a le mérite d'aborder un sujet important, il reste regrettable qu'il soit si mal traité par son réalisateur qui taille à la hache dedans.

Heurt
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le 8 sept. 2020

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