Première réalisation de l'acteur (de seconds, voire troisièmes rôles) Michaël Cohen, qui adapte à l'écran un livre sorti en 2007 dont il est l'auteur et a choisi comme partenaire celle qui est sa femme à la ville depuis deux ans (Emmanuelle Béart), Ça commence par la fin a déjà tous les tics de mise en scène tocs de ceux qui veulent se la jouer drame psychologique vachement complexe tendance film d'auteur branchouille : effets de focales à rallonge, gros plans hyper serrés sur les visages, décors parisiens bobo (les terrasses de cafés, les appartements avec le parquet qui grince), caméra à l'épaule qui tremble plus que de raison, montage qui déstructure la temporalité, etc.
Mais le pire reste de loin le scénario et surtout les dialogues, proprement ha-llu-ci-nants de bêtise, de maladresse, de manque complet de naturel. J'ai rarement entendu des dialogues aussi ridicules, ampoulés, à côté de la plaque dans leur volonté de sonner intello, et risibles; pour bien faire, il faudrait le revoir et les relever tous un par un, mais l'épreuve serait trop lourde. Alors je me contenterai de citer un dialogue qui figure dans la bande annonce :
Lui (sur son balcon, au deuxième étage) : Dis-moi que tu m'aimes plus, dis-le moi en face !
Elle (dans la rue) : Mais j't'aime plus !
Lui : En face j'ai dit, pas en bas !
Ou encore un autre, que je ne cite pas avec exactitude cette fois :
Lui : Quand je ne suis pas avec toi je me sens mal, tout me paraît vide, je ne sais pas où je vais, je tourne en rond, je deviens fou et je dis (il crie) : "Mais t'es où ?! T'es où ?!"
Elle (impassible) : Je suis là.
Lui (interrompu dans sa crise d'hystérie) : Quoi ?
Elle : Tu me demandes où je suis alors je te réponds : je suis là.
Lui : Ah, oui. Excuse-moi.
Sans déconner, je regrette de ne pas avoir pris de notes pendant la séance : c'est de la science-fiction ce que j'ai entendu !
Quant aux scènes de cul, qui ont assuré la promo du film en forme de polémique sulfureuse absurde, elles n'ont absolument rien de choc (ça ressemble à du porno soft d'M6), et la seule gêne qu'elles peuvent procurer vient de leur interminable longueur et de leur manque de réalisme (alors que l'ambition affichée est clairement l'inverse). La "meilleure" d'entre elle, qui a provoqué chez moi un fou rire irrépressible : lorsque le couple décide de baiser dans une ruelle sombre et déserte, Emmanuelle Béart plaque Michaël Cohen contre le mur, le retourne, se lèche deux doigts, les lui enfonce dans le cul et le baise ainsi en pleurant de bonheur, la tête appuyée contre son dos. Impayable ! lol
J'ai bien pensé à un moment qu'il était scandaleux que des engins pareils soient produits quand dans le même temps des génies comme Gilliam ou Coppola galèrent à trouver des financements pour faire leurs films (sans parler des dizaines d'auteurs et réalisateurs français en herbe qui n'arrivent pas à percer parce que eux n'ont pas Béart comme joker), mais au final c'est l'hébétude qui l'a emporté.
UN OVNI qui mérite, rien que pour ses dialogues, de figurer dans la catégorie "daubes super radicales".