Berlin, 1931. Brian Roberts arrive dans la capitale germanique et cherche un logement. Il arrive dans un meublé et rencontre Sally Bowles, meneuse de revue dans un cabaret.
Le film, devenu un classique, regroupe trois types de scènes : des morceaux musicaux, une histoire d'amour et un aspect historique sur la montée du nazisme.
J'avoue que c'est cet aspect qui m'a attiré vers le film, et que j'ai été déçu de ce côté. Peu de scènes montrent la montée du nazisme, et deux seulement ont retenu mon intérêt. Alors qu'ils passent en voiture devant le cadavre d'un militant communiste apparemment abattu en pleine rue, Max (un jeune et riche noble allemand) déclare à Brian : "Les nazis nous sont utiles : ils vont nous débarrasser des communistes. Après, on pourra les contrôler comme on veut." Et quelques minutes plus tard, on a une très belle scène dans laquelle un jeune homme portant l'uniforme nazi chante un hymne qui en dit long : "tomorrow belongs to me". Longtemps seul, il est finalement rejoint par quasiment tous les jeunes, puis les moins jeunes présents autour de lui. "Vous croyez toujours pouvoir les contrôler ?", demande alors Brian. Tout est dit.
L'histoire d'amour est, de très loin, ce qui est le moins intéressant dans le film. Or, c'est également ce qui prend le plus de place. Le début, en particulier, est d'un longueur et d'une lenteur quasiment infinies. C'est peu dire que d'affirmer que je m'y suis ennuyé ferme. Bon, ça s'arrange sur la fin, quand l'intensité dramatique prend le relais de la bluette sentimentale, mais toute cette partie (sur-dimensionnée par rapport au reste) est d'un indigeste ennui.
D'autant plus que Liza Minelli n'est pas toujours à son avantage. Alors que le film est clairement centré sur son personnage, elle ne brille pas par son talent ni sa beauté (sauf, à nouveau, à la fin, surtout dans la chanson finale, où elle laisse enfin éclater son talent subtil et émouvant). Et ce personnage... entièrement plagié sur Loulou de Pabst : même coiffure, même énergie, même complexité (à la fois spontanée et calculatrice, innocente et séductrice). Impossible de ne pas penser à Louise Brooks en regardant Liza Minelli.
Michael York, quant à lui, joue très bien le jeune premier lisse sur lequel tout semble couler. Pas toujours très expressif, son jeu est plutôt neutre...
Une fois de plus, l'intérêt de l'interprétation vient des seconds rôles : Marisa berenson, absolument superbe ; Helmut Griem, très juste.
Et Fritz Wepper, le futur éternel second de l'indéboulonnable Inspecteur Derrick !
Alors, l'histoire tente bien une incursion sur le thème de l'ambiguïté sexuelle avec le trio amoureux, mais c'est rapide et peu convaincant. Et, en 1972, ça n'a plus rien d'innovant.
Il reste alors les morceaux musicaux. J'avoue que c'est ce que je craignais le plus avant de commencer le film. Et finalement, c'est la meilleure partie. pas tant par les chansons elles-mêmes, plutôt anodines sur le plan musical. mais par l'ambiance qu'elles imposent, et par les thèmes qui y sont abordés : le pouvoir de l'argent et l'extrême injustice sociale, l'immoralité et la débauche (deux femmes pour un homme, ou le combat des femmes dans la boue), l'antisémitisme... Ces scènes donnent une vision à la fois baroque et très juste des dernières heures de la calamiteuse République de Weimar. Le cabaret devient un univers de luxure et de débauche pour une classe dirigeante décadente, mais aussi une figure de tout un pays qui a sombré dans le chaos. C'est là que le film est le meilleur. Dans sa façon de ne pas trop en dire et de montrer. Et on se prend à regretter toutes les scènes inutiles qui alourdissent le film. Avec une demi-heure de moins, Cabaret aurait pu être un chef d’œuvre.
Avec un meilleur réalisateur aussi, d'ailleurs. Car on ne peut pas vraiment dire que la mise en scène brille par son originalité ni sa personnalité. Et puis, j'ai eu un peu l'impression que ce film arrivait trop tard : sur les thèmes abordés (montée du nazisme, ambiguïté sexuelle), on avait déjà fait mieux bien avant.
Pour la note, j'hésitais entre 6 et 7. Mais, finalement, je trouve que les qualités et les défauts s'équilibrent bien, ce qui explique mon 6.