Bob Fosse nous envoie au sein d'un cabaret pour nous y faire vivre l'histoire d'amour entre une chanteuse et un jeune étudiant dans le Berlin d'avant-Guerre, alors secoué par la montée du nazisme.
Il jette un regard à la fois froid et étincelant sur un Berlin décadent, le scénario est bien écrit, tout comme les dialogues et les personnages, permettant à Cabaret de véhiculer une atmosphère tour à tour chaleureuse et fumante, puis triste et froide. Tout en prenant son temps pour bien mettre en avant les enjeux et personnages, Bob Fosse signe une mise en scène énergétique et surtout immersive, sachant nous faire ressentir l'ambiance des cabarets d'alors.
Il bénéficie d'une remarquable reconstitution, que ce soit les extérieurs ou les intérieurs, notamment lorsqu'il nous plonge dans la vie trépidante de Berlin, mais aussi quand il s'agit de faire ressentir l'angoisse sourde du nazisme, et l'influence sur la vie nocturne. Les numéros musicaux sont inventifs et remarquables, alors que Liza Minnelli est à la fois superbe, charmante, fragile et envoûtante dans le personnage de Sally, nourrie par le besoin de plaire et John Grey est formidable et inquiétant en maître de cérémonie.
Bob Fosse signe avec Cabaret une oeuvre forte, d'une rare puissance où la chaleur de la vie nocturne vient se mêler à une certaine mélancolie puis une peur, et l'angoisse pourtant sourde est rythmée d'airs mémorables.