Cabin Fever par Nicolas Montagne
Cinq ados s'en vont dans une cabane dans les bois et vont tous mourrir. Ca vous rappelle quelque chose? C'est normal, Cabin Fever est un hommage à Evil Dead, jusque dans certains plans et sons particulièrement ressemblants. Pourtant, si Eli Roth n'hésite pas utiliser l'oeuvre de Sam Raimi, c'est pour mieux surprendre le spectateur. En effet, Cabin Fever n'est pas vraiment un film d'horreur au sens où on l'entend habituellement: oui, le film est gore, et oui, le film est violent, mais l'horreur ne vient pas de ces éléments graphiques. En fait, ce qui fait peur dans le film, c'est plutôt l'individualisme des personnages, la façon atroce qu'ils peuvent avoir de sauver leur peau, la palme allant à ce blondinet prétentieux de Jeff. Pour une fois, la violence fait rire et le comportement humain est le vecteur du dégoût.
D'ailleurs, jamais le spectateur n'est surpris (à part des comportements égoïstes) pendant le film car ce n'est pas le propos: on a compris depuis longtemps que l'eau véhicule le virus et que les ados vont tous mourrir. On voit par contre une véritable transformation des "héros" tout au long du film. Physique bien sûr, mais surtout psychologique. Cette dimension mentale est celle qui importe vraiment. A l'opposé, on trouve les immuables rednecks critiqués dans le film, à l'image de cet adjoint au shérif complétement débile, ou de la bande de commerçants qui poursuit un ado qui s'est laissé mordre par le fils de l'un d'eux. Et si ce cynisme radical est temporisé par de multiples touches d'humour (du bienvenu au très lourd), si la dernière phrase du film estompe cette noirceur, on est tout de même dans un vrai film critique, à la fois de l'égocentrisme humain et de la bêtise américaine.