Accattone par Nicolas Montagne
Seul film néo-réaliste de Pier Paolo Pasolini,Accatone est un film éprouvant,que trop peu de spectateurs ont su apprécier à sa juste valeur. Sous une histoire semblant misérabiliste à souhait et portée par un auteur qui n'est pas son élément, Accatone se révèle être un film sensible et intelligent sur l'acceptation de sa turpitude et la sensibilité.
Héros tragique,inconscient de ce qui se trame réellement, Accatone est en fait le digne successeur des héros des mythes grecs chers à Pasolini,comme il le démontrera plus tard avec Médée. Qu'on se souvienne de cette magnifique séquence de rêve qui montre à quel point Accatone n'arrive pas à quitter la réalité pour s'enfuir, et incidemment à quel point il veut quitter le monde des rêves pour ne pas perdre pied. Une séquence particulièrement riche où le son et l'image s'entremêlent pour préfigurer le dénouement qui sera,comme dans toute tragédie grecque,à la hauteur de la bonté (finale ici)du personnage principal...Proxenète en quête d'un impossible rachat de soi,Accatone rejoint l'idéal poétique de Pasolini.
Et même si l'on ne peut s'empêcher de voir dans ce film les prémices du projet de Pasolini (le cinéma de poésie, il faut situer Accatone comme un film à part dans la filmographie du maître,mais qui montre déjà la révolte du bonhomme contre les us et coutumes d'une société mercantile et vide de sens. En somme,c'est bien de cela qu'il s'agit ici: tout est en perte de sens,et le néo-réalisme est la meilleure manière de montre cela. Désorientant mais déjà une vision de ce que sera la carrière future de Pasolini dans un autre style.