Depuis peu, je regarde des courts métrage (sur la plateforme du G.R.E.C qui en financent) car j'ai le projet d'en faire. Ainsi, je souhaite voir comment les apprentis cinéastes construisent leur histoire, leur rythme et leur mise en scène afin de rendre ce format court impactant.


Ce film a -il me semble- quelques défauts au niveau de la construction de l'histoire avec les parents trop brièvement esquissés (surtout le père) et le final avec la "révélation"

que le père a tué la femme au vu des dessins et du fait qu'il ait fait bruler la cabane

qui me paraît trop gratuite pour apporter quelque chose au sens du court métrage ou pour rendre la fin marquante, d'un point de vue scénaristique, car le filmage du passage en question est plutôt très réussi:

On filme d'abord la cabane qui brule en contre plongée, surplombant la petite fille avec le feu qui donne une véritable plus value esthetique au plan puis sans coupure la caméra s'approche du visage de la fille pour capter son effroi et son stress dû à la perte de son "doudou cadavérique". Le père apparaît ensuite d'abord coupé avec une vue à hauteur d'enfant où la fille est centré mais qui donne la révélation au spectateur puis le plan montre son visage et met les deux personnages au centre, leur donnant ainsi une proximité qui peut entrer en résonance avec leur fascination pour les corps morts, lui dans ses dessins et elle dans son obsession pour la texture du corps. Les deux vont ensuite s'éloigner de l'endroit au cours d'un long plan où la jeune fille va jeter un dernier regard sur l'endroit avant de partir avec un léger haussement d'épaule et une démarche nonchalente ce qui témoigne d'une banalisation candide du corps mort et de l'acte de donner la mort chez la jeune fille puisqu'elle sait que son père est le meurtrier.

En dehors du final, le film fonctionne car ,malgré son scénario décevant et le côté un petit peu vain de ce qui nous est compté (un instant T dont les conséquences nous sont invisibles), il nous capte par un jeu d'acteur irréprochable de sa comédienne principale Ena Letourneux et par une volonté d'attraper le spectateur avec une vision sensorielle et plus précisément corporelle (dans le rapport au sens du toucher) de la situation.

Ainsi on retrouve la sensorialité hypnotique du titre de ma critique dans toute les scènes qui voient intéragir la jeune fille et le cadavre de femme:

Quand elle sort le corps de la boue puis le traîne dans la forêts en poussant le corps de tout son poids pour le retourner, lorsqu'elle lui parle comme à une poupée qui seraît son ami imaginaire ainsi que dans le long passage où elle lave son corps et ses en les frottant comme une forcenée puis lorsqu'elle se lave elle même en s'agitant dans tout les sens comme si l'odeur et la texture du cadavre l'avait contaminée.

Toutes ses séquences sont d'ailleurs filmé le plus souvent en caméra portée, en se raprochant aux maximum de la petite fille et la fragmentant pour se concentrer sur ses actions (par exemple en ne filmant que ses mains) ce qui traduit une volonté de la cinéaste de rendre réel et sensible pour le spectateur cette intéraction des corps adultes et enfants, morts et vivants qui crystalise à elle seul l'intêret du court métrage.

(Par ailleurs le plan fixe sur la jeune fille et le cadavre qu'elle déplace dans les feuilles mortes est très beau.)

KumaKawai
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le 15 juin 2022

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