Passée en-dessous de mes radars graphiques à sa sortie en 2015, voici une petite pépite qui mérite qu'on lui consacre une heure et demie. D'abord, parce que l'histoire est édifiante et contribue à démontrer, si besoin était, l'absurdité effarante de la guerre. Autant le répéter une fois de plus, ça met du temps à faire son chemin. Un père au cœur brisé s'engage dans une division blindée belge pour aller casser du Teuton, quand il apprend qu'une patrouille germaine a abusé de sa fille de 15 ans. On sait déjà qu'il va déchanter et que ce genre de décision ne lui amènera que des avanies. Le scénario rend intéressante sa prise de conscience progressive, malgré l'aspect un peu convenu de son initiation. Ensuite, et peut-être surtout, il y a le traitement graphique, audacieux et innovant, sans lignes pour délimiter les volumes. Elles ne servent éventuellement qu'à animer des surfaces unies le plus souvent de manière volontairement brouillonne. Intéressant. Le travail sur les couleurs, lui aussi, recèle d'heureuses surprises : lunes vertes et cieux ocres, par exemple, ou ombres bleu électrique... Plutôt plaisant, et stimulant pour l'imagination. Au final, un film qui pourrait rappeler Les chemins de la liberté, pour l'escapade à travers les immenses territoires russes et chinois, mais sait s'en démarquer grâce au cheminement intime du héros, tourmenté à souhait.