Camp 731
5.5
Camp 731

Film de Mou Tun-Fei (1988)

Je ne suis plus sûr de la façon dont j’ai découvert l’existence de Men behind the sun, mais c’était probablement lorsque je découvrais le cinéma d’horreur étant ado, et que je me renseignais sur internet. C’est le type de film que l’on retient grâce à toutes les rumeurs répandues à son sujet : on dit que de vrais cadavres ont été utilisés, et pendant longtemps ça n’a pas été confirmé ou démenti. C’est un peu la seule façon pour un film pareil, et son réalisateur autrement resté dans l’oubli, de faire parler d’eux.
Ça reste quand même un film d’exploitation, qui trouve pour prétexte un contexte historique pour présenter un tas d’horreurs aux spectateurs.


Men behind the sun se déroule pendant la seconde guerre mondiale, dans le camp 731, un centre de l’armée Japonaise où l’on menait en secret des expériences sur des sujets vivants, pour progresser dans le développement d’armes bactériologiques.
Le formalisme dans la façon dont le film livre ses informations sur le camp en intro le revêt d’un aspect presque documentaire, probablement pour que la suite ait plus d’impact.
On assiste quand même à des sortes de tranches de vie parmi les soldats, mais leurs discussions restent sans importance, et il n’est pas bien intéressant de se livrer à des activités comme la recherche de l’eau par exemple.
Aucun personnage ne sort du lot de sorte à ce qu’on s’y attache, et ils n’existent qu’en tant que groupe. Idem pour les prisonniers ; certes quelques uns parlent de s’échapper et d’emporter des preuves de ce qu’il se passe dans le camp, mais ça n’est pas plus exploité que ça.
Je soupçonne ces scènes de servir à meubler un peu, car le film tarde à rentrer dans le vif du sujet.


On forme les jeunes recrues, parmi lesquelles des enfants, en les endoctrinant, de sorte qu’ils voient les prisonniers non pas comme des humains, mais des cobayes. Ceux qui ne veulent pas penser ainsi subissent des châtiments corporels.
Ce n’est que peu à peu qu’on en vient aux expériences en elles-mêmes ; ça aurait pu être de sorte à ce qu’il y ait une gradation, mais je pense que c’est surtout parce que Men behind the sun a été fait avec un faible budget, car les moments de tortures restent épars.
Il n’empêche que les expérimentations sont vraiment atroces : congélation, chambre de décompression, dissection sous simple anesthésie, …
Tout ça sur des sujets vivants, sinon les résultats ne sont pas concluants.
Le réalisme du jeu rend palpable la souffrance, et certains effets spéciaux sont d’une efficacité déconcertante (ah pardon, en fait pour la scène où l’on arrache la peau sur des bras gelés, ça n’est pas un trucage, c’est la nièce du réalisateur qui tenait des bras d’un cadavre qu’on avait réellement gelés).
Savoir que ça s’est vraiment produit a aussi peut-être son effet.
Si je ne savais pas que Men behind the sun relatait des évènements réels, je me serais sûrement dit qu’il allait trop loin et se montrait complaisant, mais il y a encore des sujets qui ne sont pas abordés, comme les viols de la part des gardes.


A force de vouloir montrer sans concessions la sauvagerie dont sont capables les hommes, Men behind the sun en fait toutefois trop quand la violence se manifeste de façon absurde.
Au début, des recrues forcent un SDF à manger la nourriture qu’ils lui donnent, sous prétexte qu’elle se fait rare.
La simplification des comportements donne des scènes ridicules, comme lorsqu’un groupe de 30 soldats poursuivent un gamin pour récupérer le ballon d’un camarade défunt, ou quand le lieutenant-général boit la pisse d’un type qui s’est moqué de son filtre à eau. Il n’aurait pas dû faire l’inverse, plutôt ?
Certains choix de la BO sont vraiment étranges aussi, il y a cette sorte de musique de film d’aventure, un peu enjouée, à deux reprises, notamment quand un soldat s’enfuit et se fait mitrailler !


Men behind the sun est un film moyen, plutôt mou, mais qui a eu son importance, il semblerait.
L’histoire du Camp 731, encore peu connue aujourd’hui, est longtemps restée enfouie, et n’a pas été reconnue par le Japon avant 2002.
Le réalisateur raconte aussi dans une interview avoir projeté le film à des étudiants Japonais, qui refusaient de croire que ces évènements avaient pu se produire.
A voir par ici : http://www.horrorview.com/interviews/tun-fei-mou

Fry3000
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le 19 juil. 2016

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Wykydtron IV

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