Bon, je ne suis pas un super amateur des comédies françaises mais j'avais su me reconnaître dans certaines blagues de Camping (6/10 pour moi) pourtant détesté sur SensCritique et ailleurs. En effet, j'avais trouvé que la petite bande de personnages fonctionnaient pas trop mal, et Gérard Lanvin apportait beaucoup au film, avec certains gags amusants. Je reconnais que c'est uniquement car l'aspect "Univers Camping" a su me parler que je suis aussi clément pour le premier épisode de la série.
Ici, j'avais décidé de poser mon cerveau pendant la séance, sachant que j'allais sans doute recevoir un déluge de gags bofs en pleine face, comme l'annonçait la bande-annonce (avec du Maitre Gims en BO... mes oreilles ont encore mal). Et bien même en le posant... ça n'a pas été très amusant. Et attention, je suis bien conscient de juger Camping 3! On oublie donc mise en scène, qualité des gags, ou jeu d'acteur. Je reste donc "gentil" mais là... ça ne marche pas. Vers le milieu du film, j'ai carrément arrêté d'être dedans, ne voyant plus grand chose de drôle à ce capharnaüm.
Omniprésence de Patrick
Toute l'histoire est centrée sur le célèbre Patrick Chirac. On ne voit que lui tout au long du film, et toute l'histoire a été écrite autour du personnage de Franck Dubosc. On pourrait apprécier, mais cela déséquilibre énormément le fragile équilibre du récit déjà pas très solide... Les personnages secondaires ne seront que des relais (toujours clichés) pour créer des situations au comique bien trop souvent douteux. Les autres épisodes savaient au moins donner leurs moments aux autres personnages, ce qui évite la surdose de Patrick.
D'ailleurs, c'est étonnant de voir que Frank Dubosc n'en fait pas des tonnes. Le personnage est toujours aussi bof et ridicule mais son acteur ne l'est plus. Autant Frank Dubosc habitait son personnage dans les premiers opus de la saga, ici on ne sent pas la flamme qui faisait l'essence du cliché "Patrick". C'en est presque déprimant. Pourtant tout y était: crevette gonflable, slips de bains moches, marcel rose et T-Shirts ignobles, mais Patrick n'est plus qu'une coquille vide.
En voulant construire davantage de nuances autour du personnage cliché de Patrick, on atteint une forme de paradoxe du "pas assez lourd pour être drôle". Il y a de trop nombreuses tentatives d'instants émotions pendant le film... mais ce n'est pas ce que j'attend de ce personnage! Bien que des directions auraient pu se révéler intéressantes, elles sont gâchées par l'absence de gags réussis (vieillesse du personnage et paternité, sous-exploités). A la place, on abuse de la nullité sexuelle du personnage, incapable de séduire, éternel vieux puceau plongé dans des mensonges minables et techniques de drague minables (qui prêtent quand même à sourire parfois).
Nouveaux personnages décevants
On ne va pas tourner autour du pot: le trio de covoitureurs sont à la fois des clichés malhonnêtes de jeunes (avec toutes les expressions de djeun's qui font genre qu'on est hype parce qu’on parle leur langue et qu'on connait leurs réseaux sociaux fassebouk, instragram, touitter) et des stéréotypes hyper rabâchés... le beau jeune chanteur, le black séduisant (qui fait des space-cake, alleez!!), le rebeu qui ne séduit personne. Pfff... jamais ils ne sortent de leurs stéréotypes. Les téléphones sont partout et les personnages âgés essayent tout le temps de faire les jeunes (si, si vous savez, ces gags qui ne marchent JAMAIS et qui font toujours flop).
Quand à la jeune fille riche... on a juste envie de lui coller des baffes tout du long du film tellement personne ne se sent concernés par ses "problèmes". Je pars à New York faire mes études de danse, tu va pouvoir me suivre? Je n'attendais pas une révolution du côté des jeunes, mais il est triste de voir qu'ils apportent si peu à l'humour, et qu'ils n'aient pas réellement rafraîchis la série. Déception.
Le nouveau couple Jugnot/Laroque est inutile, et ne fonctionne réellement que pour une scène du film, ce qui est bien léger. Leurs personnages restent au stade embryonnaire et ne sont pas développés. Décevant, une fois de plus.
Quand aux autres personnages disséminés ça et là... bof quoi. Le patron du camping fais le job sans grande conviction, et le caméo du Youtuber Mister V n'apporte pas grand chose de neuf au récit.
Les autres personnages en chute libre
Point positif: le couple Lepic (Claude Brasseur/Mylène Demongeot) apporte tout de même un peu d'humour et de nouveauté à l'histoire. Sans miracles, mais on regrette presque qu'il n'y ai pas plus de scènes en leur compagnie.
Gatineau est vraiment en chute libre. Déjà pas le plus réussi des personnages, il est ici massacré à la truelle et va faire l'objet (que je ne révélerai pas) d'une aventure pas originale pour un sou et franchement très lourde. On accumule les gags lourdingues et bordeline: ça tape en dessous de la ceinture et il manque le filtre de l'autodérision pour ne pas penser que l'on vise le gag facile qui va bien faire rire le français moyen. A fuir.
37 n'est pas exploité, sauf pour une scène qui est celle qui m'a fait probablement le plus rire. En même temps c'est une jolie référence au monde du camping (ça parle de dentifrice), et c'est sans doute pour ça que c'est drôle.
On n'attend pas camping?
Clairement, non, et le film manque follement d'ambition pour un troisième épisode. Pourquoi apporter si peu de nouveautés à la formule? Pourquoi renouveler/ajouter autant de personnages si c'est pour ne jamais, jamais les faire sortir de leurs clichés ou au contraire en abuser? Rien n'est fait à fond, c'est très regrettable et surtout reprochable à une comédie qui DOIT être lourde.
On retiendra quelques scènes tout de même drôles (et encore j'ai ri parce-que on était en avant-première, je doute que ça soit aussi drôle avec une salle un peu froide ou devant la télé à la maison). L'ensemble manque cependant cruellement de fond et de cohérence pour en faire un volet réussi. Incroyable à dire, mais Camping 2 était mieux. 3/10 pour ce troisième épisode qui rejoint le grand palmarès des mauvaises comédies françaises.
Vu en avant-première au cinéma local pour la tournée de promotion française. A gagné un T-Shirt officiel. "Si vous saviez comme ça tombe bien, je me disais encore hier soir qu'il me manquait quelque chose pour descendre les poubelles."