Je serais toujours amoureuse de Heath Ledger (pas dans le sens glauque du terme, je vous rassure), de une parce qu'il était sublimement beau, et de deux, parce qu'aucun acteur ne sera jamais meilleur que lui. Hé ouais, je suis comme ça moi, je fais des paris sur l'avenir. On pourra me citer plein d'autres acteurs plus talentueux les uns que les autres pour contrer cette affirmation, mais Heath c'était particulier. Il parvenait à atteindre une telle proximité avec ses personnages, jusqu'à nous faire ressentir cette même proximité, à nous spectateurs. Le method actor par excellence.
Le talent de Heath associé à celui de sa partenaire Abbie Cornish ici, je pense que je ne connaîtrais jamais plus un tel niveau de justesse dans un film (enfin au fond j'espère que si, mais à ce point ça me paraît difficile).
C'est extrêmement puissant, par l'empathie réelle que l'on en vient à ressentir pour les personnages. Ce n'est pas une histoire d'amour superficielle que l'on va oublier le lendemain. Je me suis sentie proche de Candy et Dan, j'ai eu le sentiment de les comprendre, d'être avec eux, dans leur vie, tout comme « La vie d'Adèle » peut donner cette sensation de symbiose totale avec son héroïne. Ce n'est pas un « couple » au sens conventionnel, il n'y a pas de dimension sociale, pas de code, pas de représentation. Ce sont simplement deux personnes qui se sont créées un monde au sein duquel elles seules peuvent exister. C'est une bulle de bonheur dans un premier temps, puis elle les consume petit à petit jusqu'à ce qu'il ne reste plus rien.
Plus largement que l'histoire de deux junkies, c'est l'histoire de deux inadaptés, deux paumés de la vie à qui la drogue donne l'illusion d'un paradis terrestre. Ils sont perdus, miséreux, mais parfaitement conscients de leur état, et dans le même temps, totalement dépassés et incapables de prendre la bonne décision. La définition de l'être humain, en quelque sorte.
La drogue n'est finalement qu'un prétexte ici. Le film nous sert une représentation juste d'une
partie significative de la population humaine, et pas seulement des accros aux drogues. Candy et Dan, comme beaucoup d'autres quelque part, ce sont des personnes qui préfèrent rester sous sédatifs et s'enfermer à double tour dans un bonheur artificiel, plutôt que d'affronter un monde trop douloureux.
Ce film touche ce qu'il y a de plus puissant ; parce que ce n'est rien d'autre que la réalité, finalement, une réalité brute, celle à laquelle on n'a pas envie de faire face. Pas le genre de réalité superficielle que les teen movies à la con essaient de nous faire bouffer à outrance du genre « l'amour est plus fort que tout, alors du moment qu'on s'aime et qu'on est ensemble, tout va bien se passer ». « Candy » ne va pas nous donner une fin facile où l'un des personnages principaux meurt dans les bras de son/sa bien aimé(e) au crépuscule d'un magnifique discours épilogue débordant de sanglots.Les gens sont terrifiés par la solitude au sens primaire, alors on leur envoie des messages subliminaux du style « mais non regarde, ton amoureux ne t'a pas quitté, il est simplement mort ! C'est beaucoup moins grave quand même, et beaucoup plus facile à assumer pour ton ego si fragile ». Mais bien sûr, il n'y a aucune vérité là dedans. « Candy », c'est une vérité. La vérité que oui, parfois, ce qu'on croyait être un bonheur absolu n'est en fait qu'une illusion. Une illusion qui peut s'avérer mortelle au sens propre comme au figuré, et qu'il faut savoir laisser partir pour avoir une chance de s'en sortir.
A la place du cliché habituel, c'est ainsi vers une fin douce amère que le film nous mène : Candy et Dan sont réunis mais ne peuvent être ensemble.
Ils s'aiment sincèrement, passionnément, mais n'ont aucun avenir ensemble, c'est une fatalité. Cette bulle d'amour et de drogue – les deux étant assimilés l'un à l'autre – est ce qui les a réuni au départ, mais aussi ce qui doit inéluctablement les séparer ; destinée à détruire ce qui existait, mais aussi ce qui aurait pu exister.
C'est beau et triste à la fois. C'est profond et surtout, c'est honnête.