Vous connaissez Candyman ? Pas la célèbre chanson de The Andrews Sisters, mais un type pas franchement amical. On lui a scié la main droite, et il possède dorénavant un crochet enfoncé dans le moignon. Et vous savez quoi en plus ? Si vous dites son nom cinq fois en vous regardant dans une glace, vous le verrez apparaitre derrière vous, le souffle sur votre corps. Vous voulez essayer ? Avant de déconner, apprenez en plus sur lui dans ce premier opus…
On dira, que j’ai répandu un sang innocent. Mais à quoi sert le sang,
si ce n’est à être répandu ? Avec le crochet qui me sert de main, je
t’ouvrirais de l’aine jusqu’à la gorge.
Candyman, le penchant africain de Freddy Krueger
En voila un joli message de bienvenue ! Apprêtez vous à détester encore plus les abeilles depuis le mal qu’elles ont fait dans My Girl ! En prononçant son nom treize fois de suite devant un miroir éclairé par une chandelle ou une bougie, tout en tournant sur soi même trois fois sur place, une femme au visage ensanglanté faisait son apparition avant de s’attaquer à ceux qui l’avaient appelé. En l’appelant trois fois, on faisait apparaitre Beetlejuice, bio-exorciste de métier prenant un malin plaisir à flanquer la trouille de leur vie à vos victimes. Ici, dans les profondeurs du monde des croquemitaines, vit Candyman, type plutôt sadique, et très sanguinolent. Grand, black, l’air froid, portant un long manteau de proxénète et arborant à la main un crochet greffé dans son moignon au sang et la chaire encore tout fraiche.
Soit ce dernier, après l’avoir invoqué en l’appelant cinq fois devant votre glace, vous perforait la cage thoracique, soit, si le cœur lui en disait et, parce que votre personnalité forte lui plaisait, faisait de vous un serial killer terminant soit chez les fous, soit à la morgue. Nancy Thompson, Laurie Strode, Sarah Connor, à force vous connaissez la routine, face à un être dépassant le commun des mortels, ça finit toujours à l’asile psychiatrique. Le Candyman navigue approximativement sur un terrain de jeux proche de celui de Freddy Krueger. Origin story et objectif similaire, voix roque d’outre-tombe, les deux pourraient très bien devenir potes à la condition que Candyman est possibilité d’entrer dans le monde des rêves.
Si vous avez aimé le premier Freddy, qu’Hellraiser 1 vous avait fait froid dans le dos, Candyman devrait vous plaire. Attention, bien qu’empruntant les codes propres aux films du genre, Candyman n’est pas un film d’horreur pour ados. Il prend l’essentiel des films d’horreur et met de coté tous les aspects négatifs. Superbe réflexion sur les mythes urbains et de la manière dont ils sont propagés par les gens, notre œuvre, après avoir commencée de manière on ne peut plus classique, prend un virage et nous emporte nous ainsi que son héroïne dans tout autre chose.
Helen, c’est pour toi que je suis venu.
Jouer les curieuses n’apporte que des ennuis
Candyman est progressif. Le réalisateur prendra le temps nécessaire à installer l’histoire, nous glisser de la réalité au fantastique et dévoiler au grand jour son antagoniste. Imprévisible, subtile, ce film ne fera jamais dans la facilité. Surtout, son héroïne, la jolie Helen, se rapproche beaucoup plus de nous et la manière dont nous pourrions prendre cette histoire de légende urbaine belle et bien réelle. Lorsque nous apprendrons à mi-parcours que le boogeyman pourrait exister, nous basculerons en même temps qu’elle dans le coté obscur du surnaturel. Jusqu’à la fin on doutera, imaginant que le Candyman n’est qu’une illusion. Alors, est ce un mythe ou une réalité ? Helen est-elle victime d’hallucinations ?
Oubliez les Scream, Urban Legend, ect. Candyman est subversif. Ambiance super malsaine additionnée à du pur thriller en compagnie d’une enquête palpitante du début jusqu'à la fin, piano ou orgue accompagné de chœur pour vous donner la sensation de plonger lentement dans le monde des démons, du gore, de la violence, des apparitions bien flippantes, le tout sans jamais ni verser dans la surenchère, ni dans la facilité, Candyman brille d'intelligence scénaristique.
Il en va de même pour la mise en scène prenant un plaisir à jouer avec les angles de vue. Rien que la scène d'introduction vous montre clairement l'objectif premier du réalisateur. Une fois de plus, Clive Barker arrive à rendre "beau" un film d'horreur. Oppressant tout comme l'a été son Hellraiser, il arrive à encore mieux construire son boogeyman si on le comparait à Pinhead. Plus profond, plus attirant, on a envie d'en apprendre plus sur le mystère entourant le Candyman interprété par un Tony Todd magique. Lui, on a pas du tout envie de lui offrir des bonbons ni même d’accepter les siens, si tenté qu’il le fasse. Pour intensifier le tout, on ancre l'histoire dans le réel, posant de vraies réflexions sur les inégalités sociales, la vengeance, les difficultés d'intégration des afro-américain, l’exclusion, le racisme, et les préjugés qui en découle. Scènes chocs, Candyman pullule l’injustice. Jamais ce ressenti n’avait été aussi fort.
Je suis les graffitis sur le mur, le haut murmure dans la glace. Sans
toutes ses choses, je ne suis rien. Alors maintenant, je dois répandre
le sang d’innocents. Viens avec moi.
Au final, poésie macabre, gore, drame social, mythe et légende urbaine, violence et hémoglobine, boogeyman terrifiant mettant longtemps avant de montrer son joli minois, musique oppressante et glaciale tout comme son ambiance, Candyman, thriller horrifique à la photographie grandiose, s'approche de très près du chef d'œuvre. Amateurs du genre, ne passez pas à coté de ce bijou un brin plus soft qu'Hellraiser mais tout autant flippant et captivant. Candyman, Candyman, Candyman, Candyman, Candyman....oups... .