Si j'étais un critique des Inrocks, je ne manquerais pas de souligner à quel point ce film grec de 2009 est un parfait résumé de son lieu et de son temps: quel meilleur révélateur de l'état d'un pays au bord du gouffre que ce microcosme familial dont les règles intangibles sont le mensonge, la dissimulation et le déni ?
Si j'étais un soutien inconditionnel de la manif pour tous, je m'offusquerais contre cette vision sectaire de cette même cellule familiale érigée en creuset de la tyrannie et de toutes les déviances. En oubliant un tout petit peu, sans doute, que nombre de dictateurs parmi les plus sanguinaires et une bonne frappée de serial killers avaient eu, en leur temps, eux aussi, un papa et une maman.
Si j'étais un étymologiste distingué, je fondrais de plaisir d'avoir la chance d'entendre un film en grec moderne me permettant d'établir des similitudes et des liens amusants, comme le mot "exemple" qui se dit "parádeigma", si proche de notre paradigme national.
Si j'étais un amateur de cinéma moral, pointilleux à propos de questions essentielles comme le bon goût, je me montrerais indigné par la multiplication des scènes de sexe cru à tendance incestueuse, en passant peut-être à côté du côté foncièrement intriguant et judicieusement dérangeant de l'ensemble.
Je ne suis rien de tout cela.
Assoiffé de pellicules qui parviennent à sortir de l'ordinaire sans oublier de proposer quelque chose, je me contente de rester légèrement sur ma fin, sèche comme un question sans réponse, abrupte comme un voyage vers l'inconnu et un poil creuse comme un coffre de Merco.