Jusqu'où peut aller le conditionnement ? A quel point peut-on modeler un être humain ? Sommes nous façonnés par notre environnement social et comportemental ou par nos propres expériences sensorielles ? L'apprentissage, le conditionnement de l'humain serait au service de la société, ici la société fait 200 m2 à tout casser.
Ce film mériterait une critique ou plutôt un article de plusieurs pages mais ce n'est pas mon truc les critiques trop longues donc je m'attacherai seulement à exposer mon analyse de la scène qui m'a le plus marquée.
Certes, Christina est l'élément extérieur qui vient bouleverser le système patriarcal parfaitement établi mais ce n'est que l'élément déclenchant l'appropriation par l'aînée de sa propre conscience en lui offrant un avant goût de liberté, en offrant une gorgée d'eau à une jeune fille qui a une curiosité assoiffée.
Refais ça et je t'étripe, sale garce. Je te jure sur la tête de ma fille que toi et ta bande, n'allez pas tarder à quitter le quartier
Les dictant mécaniquement d'une réplique qu'elle a vu dans un film, l'aînée ne semble pas bien comprendre toute leur portée mais ce sont les mots qui pour elle, bien qu'insaisissables car ne faisant pas partie du vocabulaire appris, traduisent de manière brutale ce qu'elle voudrait exprimer. Le viol, violence primaire, permet à l'aînée de se réapproprier un état de nature, un désir de liberté inhérent à chaque être humain qui le pousse à briser la discipline qu'on souhaite lui inculquer.
A ce moment précis, l'expérimentation sensorielle prend le dessus sur le conditionnement comportemental et nie donc la possibilité de façonner parfaitement l'humain. On ne peut pas vous apprendre à ignorer la douleur lorsque le feu vous brûle, on ne peut pas réprimer l'instinct de soulager cette brûlure par de l'eau froide.
Si l'aînée est amenée par ses parents à avoir une relation incestueuse avec son frère comme s'il s'agissait d'un évènement naturel inscrit dans le déroulement logique de leur éducation, elle s'affranchit à ce moment-là, en laissant son instinct se révolter contre l'ordre établi. La brutalité du viol et l'amertume qu'il laisse permet à l'aînée de se laisser submerger par ses émotions primaires et donc à retrouver le désir de liberté mais surtout l'urgence de la fuite, quitte à se fracasser la gueule avec une altère. Le désir de la jeunesse de tuer le père est inhérent à la nature humaine et ne peut être étouffé.