Lors d'une altercation avec un chauffeur de taxi, un jeune homme va lui donner un coup mortel à la tête sous les yeux de sa copine. Cette dernière veut qu'il aille se livrer à la police, et il va la tuer, puis cacher son corps dans sa chambre. La disparition de la jeune femme éveille des soupçons dans sa famille, mais ça n'est que le début d'une spirale meurtrière.


Sorti en 1972, alors que le franquisme touchait bientôt à sa fin, on a peine à croire qu'un film espagnol aille aussi loin dans l'horreur. Et je dirais même dans le glauque, pas autant qu'un Schizophrenia, mais je ne suis pas surpris qu'un Gaspar Noé adore Cannibal man, car il est question là aussi de la psyché d'un homme, que rien ne destinait à devenir un assassin.

Levons le suspens tout de suite ; il n'y a aucune scène de cannibalisme, contrairement à ce que le titre (international) suggère, mais il n'empêche que c'est un film très impressionnant.

Cet homme, Marcos, très bien joué par Vicente Parra, va basculer peu à peu dans la folie, où les meurtres vont s'accumuler, mais on voit bien qu'il vit dans un environnement très pauvre, une petite maison proche de la création d'immeubles, et cacher son secret va lui être de plus en plus pesant.


Je préfère laisser la surprise, mais il vaut mieux prévenir que Cannibal man n'est pas du tout pour tout le monde. Le début annonce la couleur avec des scènes dans l'abattoir où travaille Marcos, avec l'exécution pour l'éviscération des vaches ou des taureaux en gros plan qui peuvent faire tourner la tête, car c'est cru comme peut l'être la réalité.

Il y d'autres scènes elles aussi choquantes, mais pour la plupart, le réalisateur fait le choix intelligent de détourner le regard par un travelling ou tout un jeu sur les ombres, mais on comprend bien l'horreur dans lequel Marcos (et nous par extension) se trouve.


Le film a une autre thématique fortement suggérée, impensable à l'époque en Espagne, et que je ne veux pas dévoiler, qui va provoquer la plupart de ses coupes. Or, depuis quelques années, nous avons la chance de voir Cannibal man dans une version intégrale, et qui représente aussi un document très fort sur ce que le pays ne voulait pas dans sa période franquiste.

Boubakar
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le 21 mai 2022

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