Premier film de Trey Parker, futur père de South Park. L'humour South Park me plaisait quand j'étais encore un ado attardé ; aujourd'hui, je souris encore de temps à autre, mais c'est quand je suis soit fatigué, soit bourré...Et pourtant, je me suis envoyé Cannibal : the musical en alerte et sobre.
L'image est dégueulasse. Le son, s'il pouvait avoir un corps, serait une sorte de mort-vivant disloqué. Les cadrages sont en majorité ratés. Mais c'est pas là dessus qu'on va discuter - surtout que cette forme bien naze correspond bien au reste du film. Et sans vouloir faire l'avocat du médiocre, Trey Parker a au moins le mérite d'avoir fait quelque chose ; contrairement à vous. Eh oui ; un cinéma sans argent ça existe. Où du moins essaie d'exister.
Je ne trouve pas que Trey ait particulièrement de talent au niveau cinématographique. Quand on voit ce film ou
South Park, on peut même se risquer à dire qu'il est nul. Je ne prend pas team america dans l'illustration puisque le duo Stone - Parker était bien mieux entouré et bien plus financé. Son talent demeure plus dans la musique, très décalée aux classiques contemporains.
Mais Parker possède deux éléments principaux qui ont su faire sa réussite. Le premier est qu'il essaie. Parker est omniprésent dans son film , acteur - producteur - réalisateur - compositeur - scénariste - ... Parker touche à tout ; que ça marche ou pas. Acteur il s'en sort, producteur dur à juger, réalisateur il est nul, compositeur il est bon, scénariste il déborde d'imagination. D'ailleurs, en ce dernier point, Parker essaie aussi. Humour lourd, humour noir, humour trash, humour bête, clins d'oeils, absurde, caricatures, parfois ça plombe, parfois ça marche. La scène trash du début est à hurler de rire ; mais l'apparition du vieux borgne à l'oeil reste naze.
Mais tout cela serait inutile si Parker n'avait pas la volonté. Il fait partie de ces gens qui ont tenté de viser grand avec peu. Et son omniprésence témoigne de cette motivation. Et ça, c'est sans doute le second point fort de ce film et de son réal. Finalement c'est bête, un peu nul, ça suinte de mauvais goût, c'est pauvre de chez pauvre, mais ça a été fait. Là où on gaspille des millions dans des faux films qui témoignent d'aucune volonté, Trey nous offre tout l'inverse ; avec un sens d'autodérision qui ne fait que mieux avaler la pilule.
Finalement, je suis redevenu un ado attardé pour 1h30 ; ça fait plaisir.