Indubitablement, Capitaine sans peur est un classique des films d’aventures maritimes. Avec ses superbes images, ses grandes scènes de bataille, sa petite histoire imbriquée dans la grande, un Gregory Peck aussi impassible qu’à l’accoutumée, son histoire d’amour, ses histoires d’amitiés viriles, ses drames, ses traits d’humour, le film renferme tous les ingrédients des années 40 et 50.
L’ensemble souffre cependant d’un rythme étrange. Languissant au démarrage, il finit par ramasser en un temps record une accumulation de péripéties qui mériteraient presque pour chacune d’elles un film à lui seul. Avec en filigrane une histoire d’amour plutôt maladroite résolue par des rebondissements dramatiques peu convaincants qui achèvent de rendre cette romance terriblement gênante, l’ensemble manque de corps. Raoul Walsh n’a pas pour habitude de s’embarrasser de portraits psychologiques fouillés et de longues peintures sentimentales. Il préfère souvent sacrifier ces éléments à l’aventure et à l’action. C’est ici le cas mais le ton trop dramatique des événements rend l’entreprise bien bancale et il ne faut pas attendre de Gregory Peck qu’il bondisse partout pour apporter du dynamisme à certaines séquences.
Même s’il jouit d’une moindre réputation que ce Capitaine sans peur, on peut ainsi largement préférer Le Monde lui appartient beaucoup plus romanesque et invraisemblable mais finalement bien plus cohérent avec son ton plus léger. C’est ici un peu trop sérieux pour être tout à fait convaincant. Du coup, il faut vraiment aimer les films d’aventures maritimes et la vie dans les frégates pour apprécier la première partie du film, et accepter les récits très elliptiques pour adhérer à la seconde. Pour ma part, le déséquilibre est trop fort et, paradoxalement, l’ensemble perd de son souffle épique alors que ce devrait être son point fort.