Si l'année 2014 a permit à la comédie française de connaitre un net regain de forme, en revanche, malgré la multitude de comédie romantique ayant squattées nos salles obscures hexagonales durant les douze derniers mois (Une Rencontre, L'Ex de ma Vie, L'Amour sur place ou à emporter ou encore Tu veux ou tu veux pas), seul le génial Situation Amoureuse : C'est Compliqué de Manu Payet, a réellement su nous séduire.
Un peu maigre pour le coup, voilà pourquoi l'arrivée en salles cette semaine du Caprice d'Emmanuel Mouret, était attendu avec une certaine impatience par chez nous.
Attendu, pour la simple et bonne raison que le bonhomme n'en est pas à son premier essai dans le genre, lui qui nous émerveille depuis près de quinze ans maintenant avec plus d'une romcom savoureuse, allant de Laissons Lucie Faire ! à Vénus et Fleur, en passant par le récent et excellent L'Art d'Aimer.
Un expert de l'amour et des relations de couples made in France, qui a par ailleurs, toujours le bon gout de très bien s'entourer puisque pour son huitième long, il a convoqué en son casting de nouveau le génial Laurent Stocker mais surtout deux des plus belles plantes du cinéma français de ces dernières années, la sculpturale Virgine Efira (habituée aux romcoms) mais surtout la merveilleuse et pétillante Anaïs Demoustier, déjà de Situation Amoureuse.
Caprice donc, ou l'histoire de Clément Dussaut, un professeur des écoles maladroit mais comblé jusqu’à l’étourdissement : Alicia, une sublime actrice célèbre qu’il admire au plus haut point, devient sa femme après qu'il eut donner des cours particuliers à son fils.
Tout se complique pourtant lorsque son meilleur ami Thomas l'emmène dans un bar suite à une mauvaise rupture, et qu'il rencontre Caprice, une jeune comédienne excessive et débordante qui s’éprend de lui après qu'ils aient coucher ensemble.
Dès lors, un triangle amoureux des plus complexes débutera entre Clément, Caprice - de plus en plus envahissante - et Alicia, mais également entre Alicia, Clément et Thomas, qui se rapproche de plus en plus de la compagne de son ami...
Si il traite encore une fois avec intelligence et malice de ses thèmes les plus chers (l'adultère, l'amour multiple mais surtout à plusieurs, l'hésitation amoureuse et le désir face à la tentation), l'attachant Emmanuel Mouret parvient pourtant encore une fois à éblouir son spectateur avec Caprice, petite merveille de comédie romantique aux dialogues ciselés et hilarants, totalement cohérente avec ses précédents longs et portée par une histoire aussi simple en apparence que follement captivante, mélancolique et pertinente.
En suivant une nouvelle fois le marivaudage amoureux d'un cœur aussi gauche qu'il est indécis - et le mot est faible -, Mouret plonge à corps perdu dans le burlesque (les acteurs sur-joue volontairement, quitte à un poil rebuter certains spectateurs), flirte parfois dangereusement avec le fil tenu de la redite mais charme de tout son long en faisant une nouvelle fois mouche avec sa vision très personnelle de l'amour (et un pitch de départ presque emprunté à Coup de Foudre à Notting Hill !), porté par des personnages finement croqués et interprétés de manière magistrale
Si Mouret est attachant - comme à son habitude - en Clément, Virginie Efira elle, est élégante comme une icone Hollywoodienne des années 50 (Hitchcock aurait décemment succomber à sa magnifique blondeur), offre une partition des plus douce, fragile et juste tandis que la pétillante Anaïs Demoustier elle, vole littéralement le show en véritable amante aussi rayonnante qu'elle est excessive, manipulatrice et pugnace.
Laurent Stocker, un peu plus en retrait dans ce quatuor vedette, n'en est pas moins toujours aussi sympathique et touchant.
Délicat, candide, ironique, parfois triste et séduisant, Caprice est une comédie romantique comme on les aime, tendrement décalée et loufoque mais tout aussi personnelle que judicieusement dans l'air du temps.
Un pur feel good movie, ou le film parfait pour les amoureux du genre, signé par un amoureux convaincu de l'amour sur grand écran.
Jonathan Chevrier