Civil War est un comic publié par Marvel, dessiné par Steven McNiven, scénarisé par Mark Millar et publié entre 2006 et 2007. Il y est question d’une loi imposant aux super héros de s’inscrire à un registre national, impliquant de révéler leur identité, cela dans le but d’être d’avantage contrôlés par les organes officiels. Les héros masqués se divisent alors, et finissent par s’affronter entre ceux qui veulent plus de contrôle pour éviter les pertes civiles et ceux qui veulent rester libres.
Captain America Civil War, le film, ne garde que quelques éléments de l’histoire originale difficilement adaptable en l’état, puisque la version sur grand écran ne compte qu’une dizaines de personnages et que leurs identités ne sont pas secrètes. Ca n’empêche pas le travail des frères Russo d’être très réussi.
Le long métrage s’ouvre sur Captain America et une poignée de Vengeurs venus stopper un méchant dans un pays exotique. Peu importe le contexte exact, le but est de montrer que leurs actions conduisent inexorablement à des victimes civiles. Ajoutez à cela celles de la Bataille de New York ou l’affrontement contre Ultron et vous comprendrez que tout conduit aux Accords de Sokovie, version modernisée et surtout internationalisée du fameux Superhuman Registration Act. En effet, les héros version cinéma interviennent dans tous les pays du monde. Il était donc logique de voir une loi proposée par l’ONU plutôt que par le gouvernement américain.
En fait, tous les chemins empruntés par Marvel Studios dans ses différentes productions conduisent à Civil War. Les scénaristes Christopher Markus et Stephen McFeely y reprennent les conséquences des actions des héros en matière de victimes civiles et utilisent le passif des personnages principaux pour renforcer leurs motivations. Stark est marqué par les victimes civiles, via une facilité scénaristique dispensable puisqu’il est surtout allé dans l’espace, prêt à se sacrifier pour New York au point d’en revenir traumatisé (voir Iron Man 3). Rogers veut retrouver Bucky (voir Le Soldat de l’Hiver), potentiel coupable d’un attentat, et croit en la rédemption de son vieux pote, seul rescapé avec lui des années 40. Il se retrouve donc naturellement contre. On ressent donc ici, et pour la première fois, les effets positifs de la « sérialisation » des films made by Kevin Feige.
C’est d’autant plus intéressant que le scénario se révèle extrêmement dense puisque, non content de reprendre des pistes déjà évoquées, il s’ouvre sur un nouveau conflit, introduit un nouveau méchant et de nouveaux héros avec une facilité déconcertante. Même s’il y a quelques petits défauts, notamment en matière de gestion du temps entre différents lieux, on est à des années lumières de la bouse de Zack Snyder qui tenait difficilement debout. Civil War se tient de bout en bout, basculant du techno-thriller à quelque chose de plus intime dans son dernier acte, prend le temps de poser les choses tout en livrant des scènes d’action impressionnantes.
Il faut ajouter que les personnages sont intelligemment introduits. Black Panther, dont « l’origin story » fait partie du film, est intéressant. Et Spider-Man, même si sa présence est artificielle, se révèle impressionnant. Pour présenter le nouveau Peter Parker (Tom Holland, très bon), le récit fait une longue pause et s’offre une jolie scène. Dans la bataille de l’aéroport que l’on voit dans la bande annonce, l’utilisation du Tisseur et de ses pouvoir est très très réussie. La version de Sam Raimi portée par Tobey Maguire restera un des meilleurs super-héros porté à l’écran mais celle-ci est vraiment emballante, faisant oublier les bêtises de chez Sony. Il faut ajouter que la dite bataille, même si elle aurait sans doute pu être évitée, est de belle tenue. L’interaction des personnages, les face à face de héros aux pouvoirs opposés, l’utilisation des éléments du décor en font quelque chose qui n’a rien à voir du tout avec l’horrible plan montré dans la bande-annonce. On en prend plein les yeux et on voit des cases de comics s’animer devant nous.
On pourra reprocher au film des effets spéciaux parfois très laids et totalement inachevés sur certaines séquences, ce qui fait peur pour la suite vu les rythmes de production de Marvel. On pourra aussi reprocher une absence de prise de risque puisque quelle que soit l’issue du combat on sait qu’ils finiront tous ensemble face à Thanos dans Infinity Wars. On pourra reprocher dans le même esprit le fait de placardiser certains personnages à la fin du film alors qu’il aurait été intéressant de voir des choix radicaux. On pourra reprocher aux frères Russo une mise en scène très brute au début du film (à la Winter Soldier) pour avoir ensuite plus de mal à gérer les combats impliquants trop d’effets numériques. On pourra reprocher en fait plein de petites choses à ce troisième Captain America. Pourtant il se dégage de l’ensemble un vrai travail soigné de toutes parts et une véritable envie d’avancer dans leur univers, notamment en multipliant les actions entre les héros. Le film est dense, tendu, prenant et -puisque le scénario a de nombreux points communs avec ce qui se passe en face- fait largement la nique à Batman v Superman.
Les détesteurs détesteront l’aspect « serial lissé » des films de Kevin Feige, celui-ci ne faisant pas exception, mais il faut bien admettre qu’on prend du plaisir devant ce Captain America Civil War et que Marvel Studios est parvenu à créer un véritable univers de cinéma fonctionnel et qu’on aime retrouver. En attendant la suite.
Critique initialement publiée sur CloneWeb.net