Les frères Russo avaient réussi, et contre toute attente, à proposer un vrai divertissement avec Le Soldat d'Hiver. Certes, Marvel continuait son ascension sur l'échelle des films industriels et mécaniques, mais le résultat était efficace et constituait un véritable film d'action rempli de moments de bravoure. Civil War constitue un exploit, dans le fait qu'il annihile tout ce qui restait de correct dans le précédent. Exit la mise en scène et laissons place à des décors grisâtres où chaque personnage vient exprimer ses capacités dans un séquençage uniforme. Aucune identité, même dans la présence de Spider-Man qui se contente de tisser sa toile et de faire quelques blagues.
Une uniformisation telle que même les nouveaux protagonistes sont insérés à la truelle dans un scénario d'un cynisme confondant, où la prise de conscience supposée des héros entraîne un conflit interne qui doit remettre en cause toutes leurs actions sur le plan moral. Marvel détenait là une possibilité de faire fi de tous ces conflits bien pensants à l'écran, où des destructions gigantesques se limitait à la mort de trois civils. Mais il n'en est rien, car les batailles sans la moindre dimension dramatique refont surface, jusqu'à faire intervenir le climax dans un aéroport vide au fin fond de la Pologne. Déconnecté de toute réalité et ancré dans son optique de divertissement brainwash, Civil War continue de signifier la déchéance d'un genre à lui tout seul.