Captain America Civil War : choisissez votre camp !

Film inaugural de la phase 3 du MCU (Marvel Cinematic Universe), Captain America : Civil War a la lourde tâche d’adapter à l’écran l’un des plus énormes comics Marvel et de succéder aux deux précédents volets du Captain America qui avaient déjà mis la barre très haut. Très attendu des fans Marvel et des comics en général, Captain America : Civil War tente de porter à l’écran le comics éponyme, un crossover géant en 7 épisodes signés Mark Millar et Steve McNiven. Le film reprend la trame générale du comics à son compte en l’intégrant dans le contexte général du MCU et notamment des récents événements survenus en Sokovie lors de l’affrontement contre Ultron (Avengers : L’Ère d’Ultron). Les Nations Unis font adopter « les Accords de Sokovie » dont le but est d’encadrer et de placer sous tutelle tous les super-héros dont les super-pouvoir sont jugés dangereux et néfastes pour l’humanité. Ces accords vont diviser les Avengers. Certains comme Tony Stark/Iron Man, marqué par les dégâts causés par sa créature de Frankenstein, Ultron, est pour, d’autres comme Steve Rogers/Captain America, qui garde en tête l’infiltration de Hydra au sein du SHIELD et qui veut retrouver son ami Bucky (le Soldat de l’Hiver), est contre. Dès lors, tous les super-héros vont choisir leur camp en fonction de leur conviction profonde et se rallier derrière Stark ou Rogers. Ainsi commence la Civil War !

Le premier tiers du film est donc consacré aux positionnements et réflexions des uns et des autres autour des accords de Sokovie. On assiste à de longs tunnels de dialogues qui pourront lasser certains mais qui au final s’avèrent nécessaire pour consolider et justifier les enjeux et affrontements à venir entre super-héros. Difficile d’imaginer au départ que Stark et Rogers peuvent finir par s’entredéchirer dans une lutte à mort alors que l’un et l’autre étaient à l’avant-garde des Avengers et ont combattu main dans la main contre Loki lors de la bataille de New York (Avengers) et Ultron en Sokovie (Avengers : L’Ère d’Ultron). Mais un personnage extérieur dont l’identité et les agissements ne nous seront révélés que dans le climax du film, va venir bouleverser cet équilibre au sein de « la grande famille » des super-héros.

Les frères Russo, déjà à l’œuvre sur le précédent volet du Captain America : Le Soldat de L’Hiver (le meilleur Marvel du MCU à ce jour ?) font preuve d’un réel savoir-faire pour rendre lisible et compréhensible tous les questionnements et cas de conscience auxquels sont soumis la bonne douzaine de super-héros présents à l’écran. On se prend soi-même à réfléchir à ce que nous serions amenés à faire en tant que super-héros dans de tels circonstances : garder sa liberté d’action totale si une nouvelle menace pour l’humanité survenait ou bien accepter de mettre sous cloche nos pouvoirs pour empêcher tout risque de perte de vies humaines innocentes. C’est toute la force du film d’arriver à concerner le spectateur en lui faisant vivre et ressentir ce dilemme, un peu comme à la manière d’un jeu de rôle. Si Le Soldat de l’Hiver était clairement politique, ce Civil War est volontiers plus psychologique. Mais c’est aussi la limite du film.

Car le spectateur lambda se sentira très vite dépassé puisque les prises de positions des uns et des autres ne peuvent se comprendre et s’apprécier que si l’on connait un minimum du passé individuel et commun de chacun. Comment comprendre la culpabilité qui ronge Stark si l’on fait l’impasse sur Avengers : L’Ère d’Ultron ? Comment admettre les suspicions et les doutes de Rogers, (pourtant à l’origine figure patriotique au dernier degré et pur produit de l’armée durant la 2ème guerre mondiale), à l’égard des gouvernements si l’on a pas suivi ses deux précédentes aventures (surtout Le Soldat de l’Hiver une nouvelle fois) ? Comment suivre cet échange avec Wanda au cours duquel Vision s’interroge sur la présence sur son front de la pierre d’Infinité en évoquant le sceptre de Loki ? Pour ce premier film du la phase 3 du MCU, Marvel a-t-il décider de se couper du spectateur néophyte au profit des attentes et exigences de sa base solide de fans inconditionnels engrangée depuis le premier Iron Man en 2008 ? A voir la complexité des enjeux de ce Civil War, on peut le supposer.

Avis donc aux retardataires qui seraient tentés de commencer leur éducation au MCU avec ce Civil War. Vous devrez avant visionner les phases 1 et 2 du MCU ou tout du moins les deux premiers volets des Avengers et du Captain America, pour citer les plus essentiels. Si cette nouvelle stratégie s’avère exacte, Marvel prend un risque mais qui pourrait s’avérer payant dans l’avenir et pour la qualité de son prochain Avengers 3 : Infinity Wars. Les frères Russo pourront aller directement à l’essentiel sans passer par un interminable et pompeux résumé d’une demi-heure des épisodes précédents qui risquerait de plomber d’entrée le film. C’est dit.

Pour ce qui est de l’action, Civil War n’est pas en reste : entre cette course-poursuite haletante dans un tunnel autoroutier qui introduit le personnage du Black Panther et cet affrontement dantesque dans un aéroport entre d’un côté, Iron Man, Black Widow, Vision, Spider-Man, War-Machine et Black Panther et de l’autre, Captain America, la Sorcière Rouge, le Soldat de l’Hiver, le Faucon, Ant-Man et Hawkeye, on finit par applaudir ! Sans oublier ce duel final furieux et brutal entre Iron Man et Captain America dont l’émotion et la gravité atteignent leur paroxysme. On pourra juste regretter l’absence de Thor surtout et de Hulk (plus compréhensible) au milieu de cette grande bataille.

Si Black Panther/T’Challa le prince héritier du Wakanda emporte tous les suffrages et donne envie d’en savoir plus sur son personnage à travers un prochain film qui devrait lui être consacré, il n’en est pas de même pour le nouveau Spider-man. Après Tobey Maguire et Andrew Garfield, c’est Tom Holland qui enfile la tenue de l’homme-araignée. Un Peter Parker très ado que vient recruter dans sa chambre chez sa tante May, Tony Stark. Cette séquence de rencontre entre ce Peter Parker rajeuni et Tony Stark, est d’ailleurs la plus faible du film. Sorte de digression aux allures de scène coupée un peu pataude et maladroite, la scène qui ne fait pas avancer d’un iota l’intrigue générale du film et plombe inutilement le rythme de l’ensemble. Dommage. on attendait plus d’égard et de considération pour ce nouveau Spider-Man que l’on reverra dans Spider-Man : Homecoming, énième reboot de la franchise. A suivre…

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