Voir arriver sur grand écran un héros de propagande comme Captain America, créé en 1941 par Jack Kirby et Joe Simon pour galvaniser les troupes avant d'être ressuscité par Stan Lee en 1964 dans sa série "The Avengers", avait de quoi faire flipper le spectateur français, pas franchement rassuré après avoir subi l'humour foireux qui avait plombé "Iron Man 2" et "Thor", les précédentes adaptations Marvel. C'était sans compter la présence d'un solide artisan comme Joe Johnston (qui avait déjà tâté du super-héros rétro avec son sympathique "Rocketeer"), qui va, contre toute attente, livrer un spectacle à l'ancienne, respectueux du matériau originel, dans la plus pur tradition du serial à la "Indiana Jones". Evoluant dans des décors de toute beauté, son héros, campé par un excellent Chris Evans, n'a finalement rien à voir avec un simple casseur de nazis à la solde de la toute puissante Amérique, se révélant être la parfaite incarnation du héros marvelien, héroïque, courageux, torturé et surtout d'une détermination à toute épreuve. Toute la première partie du film est une franche réussite, empreinte d'un charme désuet et plus d'une fois pertinente, notamment quand elle revient sur les débuts propagandistes de son héros, voyant le Captain réduit à faire le guignol pour récolter des bons de guerre. La seconde partie, tout entière vouée à l'action, est malheureusement moins passionnante, la faute à des scènes d'action certes correctement emballées mais trop brèves et trop timides pour réellement impressionner. S'achevant sur un final bouleversant et rappelant carrément "La quatrième dimension", le Captain de Johnston est une réelle bonne surprise malgré son côté peu spectaculaire, blockbuster old school comme on en voit trop rarement, enjoué, pertinent, dôté d'un casting impeccable et d'effets spéciaux parfois sidérants (la transformation du musculeux Chris Evans en gringalet laisse sans voix), ayant surtout le mérite de respecter l'univers qu'il adapte.