Honorable divertissement, en attendant mieux
On n'ose imaginer ce qu'aurait pu donner Captain America au cinéma il y a encore quelques années : le courage, la vaillance et les prouesses militaro-industrielles au service des valeurs de l'Amérique Éternelle.
Ici, le héros est d'abord un gamin chétif mais valeureux. Les traits d'humour font bien passer la progression très linéaire du personnage, les scènes d'action restent lisibles, le méchant est aussi grotesque que la réalité alternative qu'il compose.
La history fantasy fait passer de bons moments mais certains mauvais côtés marquent :
- les scènes de jeunesse à New York sont à pleurer du carton-pâte quand on se souvient un tout petit peu de la beauté d'"Il était une fois en Amérique"
- la musique est encore plus pompière que le film et finit par donner mal au crâne
- la 3D est complètement inutile : les plans à plat seraient beaucoup plus beaux en 2D et la 3D se traduit ici par la multiplication de contre-plongées ridicules
- Passe encore que la revêche mais sensible instructrice de l'armée ressemble à une pin-up. Mais le commando Benetton autour du héros est insupportable quand on connait (et c'est de plus en plus facile de s'en rendre compte, merci Ken Burns) les ségrégations raciales en place au sein de l'armée américaine à cette époque. Captain America s'étonne de la présence d'un Asiatique à ses côtés, ce dernier aurait plutôt été lynché pour venger Pearl Harbor.
Difficile de ne pas sortir du film avec tous ces traits agaçants. Néanmoins les scènes après le générique de fin donnent envie : nouveau cadre, nouveaux héros, nouveaux dangers... Rendez-vous en 2012 !