Viggo e(s)t Bo
Le réalisateur du film a t-il vu Vie Sauvage de Cedric Kahn ? En tous les cas il le devrait peut-être car, si ce dernier n'est pas un chef d'œuvre, il a le mérite d'être brutalement descriptif et...
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Dans la signification "qui a du sens" plus que dans le "qui doit être" car utopie très marginale.
Dystopique pour les matérialistes chevronnés, utopiques pour d'autres, la vie de la famille "Fantastic" est un retour à la théorie pure de "ce que devrait être la vie" dans sa conception initiale: subvenir à ses besoins de façon autosuffisante, acquérir connaissances techniques et enseignements afin d'élever l'esprit, conserver une sobriété "logique" dans sa façon de vivre. Dès les premiers minutes du film, la vie de cette famille peut apparaître comme complètement loufoque et aberrante mais rapidement la situation se retourne contre nous et viennent les questions sur "notre vie normale": en cela réside le premier intérêt cette peinture de vie à la marge. "Ils sont coupés du monde ! - Ah non... ils lisent plus que de raisons... / Ils sont formatés ! - Ah non... Ils sont même encouragés à découvrir et partager tous types de points de vue, même opposés / etc."
La sincérité mise dans les situations ( comme les scènes de lectures ou, encore plus, les scènes de musiques en famille) est belle (la beauté de la candeur) ce qui attache très vite le spectateur à ces personnages et à leurs relations.
S'en suit un déroulement des faits qui vient perturber cette harmonie et une véritable confrontation de ce modèle avec la vie réelle. Le long pèlerinage en bus est "délicieux" et chaque scène montre avec brio la difficile compatibilité de cette théorie dans le monde sauvage. Le summum étant peut-être le repas chez la belle sœur où chacun d'entre nous a du prendre une bonne leçon de vie en se reconnaissant du côté des "autres" tout en enviant la pureté des "fantastic".
La relation avec les beaux-parents est assez intéressante car après les avoir détesté, les scènes suivantes viennent nuancer l'avis tranché pour faire valoir que "la situation est quand même très compliquée" pour eux afin d'arriver à accorder leur vie normale avec cette vie à la marge des petits enfants.
Un petit (gros) regret dans ce film reste la trame plutôt classique (a l’américaine) du déroulement des faits alors que ces idéaux auraient mérité une originalité plus poussée. Les dernières vingt minutes viennent même desservir le film comme si la production avait voulu "ouvrir" cette histoire au plus grand nombre et collant aux standards (sourires, belles musiques, happy ending). Une plus petite production (étrangère) aurait pu porter un film comme celui là au statut de véritablement bouleversant, mais ça n'est finalement pas complètement le cas.
En bilan le film est très beau avec une candeur qui vient défier notre monde habituel et la tournure finale marque le seul dérapage du scénario. Comme toute utopie théorique, il faut espérer que cette famille fantastic ne soit pas vue comme une attraction de cirque attachante par le public car "prise au pied de la lettre" mais amène à se poser des questions intéressantes, au cœur des problématiques d’aujourd’hui. En tout cas, ce fut mon cas, et ma fin de soirée fut riche en réflexions.
Créée
le 18 oct. 2016
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