Une oeuvre anticonformiste qui appelle à notre propre réflexion, simple mais brillant!

Si tu pars du principe qu'il n'y a aucun espoir, alors tu peux être
sûr qu'il n'y en aura pas. Si tu pars du principe qu'il existe un
instinct de liberté, qu'il existe des opportunités pour changer les
choses, alors il y a une possibilité que tu contribues à rendre le
monde meilleur.

Captain Fantastic est sans conteste une perle du cinéma indépendant américain. Écrit et réalisé par Matt Ross qui pousse le spectateur à une véritable remise en question sur soi mais aussi sur la religion, la politique, les enfants... en bref ce qui englobe le fonctionnement social de notre monde dans sa globalité. Une réflexion en phase avec notre temps. Ce n’est donc pas un hasard si le scénario présente bon nombre de point important et structure le tout appuyé par une panoplie de personnages tous aussi originaux, complexes et improbable.

Une âme d’auteur irréprochable et structuré de bout en bout, au service d’un scénario original dans l’air du temps s'échappe de cette vision commune. Difficilement quantifiable tant il aborde bon nombre de point complexe mais qui je pense se veut avant tout ludique dans sa manière d'aborder le système par de l'antisystème, une touche révolutionnaire contre toutes formes de propagande, d’oppression et d’abus de pouvoir dont nos sociétés mondiales actuelles regorgent. Mais la réflexion première va sur l'éducation c'est clairement le fil conducteur. Un hymne a la liberté de penser qui ne tombe pas une seule fois dans un simple long métrage anticonformiste mais qui suit bien une histoire truffée d'émotion et de comédie irrésistibles.

Je salue le talent du réalisateur qui malgré une telle profusion de dénonciation et de remise en cause ne finit pas une seule fois par noyer son film dans un débat politique lourdingue mais au contraire par gagner en intérêt sans dévier une seule fois. Matt Ross a su maîtriser pleinement l'arc de son récit ainsi que sa dynamique en gardant une constante approche émotive et intuitive avec ses personnages en perpétuel apprentissage de la vie et à l'écoute de ce monde à la fois merveilleux et hostile.

C'est comme cela que l'on passe du mélodrame à la comédie avec aisance en conservant l'attention du spectateur qui se retrouve absorbé, subjugué et surtout interrogé par une vision d'auteur qui ne nous impose pas une seule fois une notion de vie vu que sa propre oeuvre se remet elle-même en question , mais nous encourage au contraire à penser par nous-mêmes et ça c'est très fort.

C'est ce qui fait qu'on est constamment déchiré entre acceptation et contestation de ce que l'on voit mettant à chaque moment nos croyances à rude épreuve et c'est ainsi que l'on se retrouve continuellement partagé entre les choix du père, du grand-père et des enfants; ni tout noir ni tout blanc. Il est compliqué d’être "réellement" critique de la société et de ses systèmes de lois lorsque l’on en fait nous-mêmes partit, c'est pourquoi à aucun moment le cinéaste nous impose sa vision mais nous laisse au contraire libre de notre opinion.

La mise en scène est impeccable et se veut très contemplative du monde qui l'entoure comme si elle était à l'écoute de la nature et de la liberté qu'elle procure. Les différents jeux de lumière au travers des différents plans sont imaginatifs surtout dans le passage au coin du feu guitare à la main ou la lumière directe provient d’un feu de bois et non d'éclairage artificiel. On est comme captivé par ces contrastes à la foi vaste et très rapprochée comme si ont cherché à rentrer à l'intérieur des têtes des personnages pour comprendre ce qu'ils pensent tous. En soi cette manière de filmer me rappelle un peu e-ci utilisé pour American Honey mais de manière plus cadrer. D'ailleurs Captain Fantastic a obtenu le Prix de la mise en Scène à Cannes pour son réalisateur et scénariste Matt Ross.

Les paysages sont superbes la forêt vierge et d'une beauté troublante et nous donnent clairement un sentiment de liberté. Le contraste entre la ville et la vie sauvage est pleinement appuyé. La Bo se veut assez discrète mais n'est en rien un point faible et contribue pleinement au renforcement de certaines séquences. Le cinéaste ne cherche pas à nous toucher via des scènes épiques de beauté mélodramatique appuyer par de grandes musiques, mais par le simple message qu'il véhicule et par l'attachement que l'on a des différents protagonistes ainsi que de leur sublime prestation.

L'histoire de Captain Fantastic repose sur une idée toute simple et pourtant pertinente et astucieuse, celle d’un père de famille vivant avec sa tribu dans un contexte à la fois idéal et extrême à la vie sauvage! En étant ainsi coupé de tout ce qui se rapproche de la société moderne le patriarche de la famille espère ainsi préserver ses enfants du système actuel dans sa globalité, sans pour autant négliger leurs éducations mais en les poussant au contraire au paroxysme de ce qu'ils peuvent être capable de faire autant d'un point physique, qu'intellectuel, et le tout avec le libre arbitre de pouvoir croire en ce qu'ils souhaitent sans être pour autant désuet et toujours en perpétuelle communion avec la mère nature. Et la ou le scénario prend une tournure pour le moins édulcorée c'est quand la tribu va devoir sortir de sa réclusion pour se confronter à la société contemporaine et à tous ses jugements et obligation.
SIMPLE, MAIS BRILLANT !

À partir de ce moment la grande et éternelle question touchant la majeure partie de la population prend tout son sens :
" Comment doit-on inculquer, nourrir, instruire, guider, enseigner, façonner nos enfants? Y a-t-il des alternatives ? "
Captain Fantastic offre la perspective et paradoxale alternative d'une éducation empreinte de valeur mais aussi de contrainte à l'opposer de notre société qui elle aussi à son lot de valeur et préjugé. La première et évidente difficulté pour le réalisateur a été de trouver des acteurs crédible pour cette aventure car les comédiens sont plus que jamais au centre du récit et c’est avec un savoir-faire total qu'on s’est occupé du casting.
Il a été logique pour Matt Ross de mettre en avant Viggo Mortensen dans le rôle de Ben le papa et patriarche anticonformiste de la famille. Car pour ceux qui l'ignorent l'acteur est un passionné de peinture qu'il expose et que l'on retrouve quelques fois dans ses films comme Meurtre Parfait et a toujours revendiqué avec force qu'il privilégiait l'art au business et de même pour la différence sociale.

Cela n'a donc rien d'étonnant que Viggo est dit lors d'une interview que le scénario de Captain Fantastic est le meilleur qu'il a lu à ce jour et que c'est pour cela qu'il a accepté (pour mon plus grand plaisir). Viggo Mortensen est juste incroyable et tellement crédible c'est vraiment trop fort! À la fois très touchant, charismatique dur et drôle de par certaines situations, il est jubilatoire de partager son fonctionnement de vie et ses nombreux discours moralisateurs sur le système. Anticapitaliste radical il se veut également excentrique mais pas pour autant hippie, partageant une valeur de vie avec sa famille qui est pour lui son moteur de vie. Très intelligent et ayant un gout vestimentaire pour le moins ridicule frôlant le psychédélisme, ce personnage est juste d'une épaisseur rare et ne se contente pas d'être comme ceci ou comme cela, l'on ressent bien son conflit interne et ce qui fait de lui ce qu'il est.

Vient ensuite le reste de la distribution à savoir les enfants de Viggo qu'il appelle " ses philosophes rois " qui sont nombreux, du coup je ferais un bilan d'ensemble du groupe qui est totalement impeccable et percutant. Aucun acteur n'est en dessous ils sont tous très talentueux. Matt Ross a passé pas mal de temps à composer ce casting et n'a pas hésité à parcourir le globe pour aller les chercher.
Avant de commencer le tournage le cinéaste à fais vivre Viggo Mortensen ainsi que tous les enfants ensemble pendant 2 semaines juste entre eux afin de créer un véritable lien visible à l'écran. Une idée pour le moins originale qui a fortement payé, car il est le résultat d’un travail attentionné qui sera à l'origine des performances de qualité et le tout sous poudré de sincérité, une implication gratifiante.

CONCLUSION:

Que ce film est beau! Captain Fantastic apporte à son public une dimension nouvelle qui ne manque pas de justesse grâce à cette famille abracadabrante et met ainsi en avant notre société et ses règles et autres croyances, habituellement occultés par le conformisme de notre quotidien, et nous invites ainsi à un véritable approfondissement, c'est pourquoi il n'apporte aucune réponse ou de moralité, ça c'est nous-mêmes qui l'apporterons. Matt Ross est bon, très bon et aime nous provoquer sur notre discernement du monde actuel. Viggo Mortensen est incroyable dans le rôle quelque peu loufoque mais sévère de papa Robinson et ne manque pas de nous faire partager son talent indéniable. Un film totalement réussit pour Matt Ross qui en cinéaste est vraiment prometteur surtout pour une deuxième réalisation c'est pourquoi je compte à présent suivre avec intérêt ces futurs projets.
Un véritable coup de coeur que je place sans mal comme meilleur film de l'année 2016 !