Viggo e(s)t Bo
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Il est de ces claques cinématographiques touchant (ou pas) le spectateur, l'émotion restant subjective, le cœur plus sensible qu'un autre, l'esprit plus aiguisé. Cette fable moderne écrite et réalisée par l'acteur Matt Ross, narrant le road movie coloré d'un hippie anticonformiste et de ses six enfants, s'avère être l'un des films les plus inventifs et les plus touchants de ces dernières années, puisant autant dans une réflexion mature et pertinente que dans la capacité de pouvoir proposer un produit agréablement plus aérien.
Car au-delà de la simplicité apparente et des contradictions évidentes que peut susciter le long-métrage, Captain Fantastic narre avant tout la place de l'éducation et des valeurs morales dans un monde consumé par l'égocentrisme où décadence rime avec ignorance, où liberté contraste avec capitalisme et où la normalité s'avère façonnée de toute pièce. Autour d'un apprentissage hallucinant basé sur l'entraide, la débrouillardise, la culture et les philosophies, Ben (Viggo Mortensen dans l'un de ses plus beaux rôles si ce n'est le meilleur) inculque à ses six enfants les moyens de vivre et survivre à la fois, crachant à la gueule de la société comme un lama face à un Haddock.
Présentant cette petite famille capable de chasser, de parler six langues et de penser plutôt que de rabâcher des logorrhées scolaires, Matt Ross n'en oublie pas de véhiculer son penchant opposé, démontrant que rien n'est idyllique, que tout a une fin, que la vie n'est ni blanche ni noire et que même la plus tendre et la plus logique des éducations peut avoir ses limites. Feel good movie tout aussi drôle et léger mais également sérieux et lourd de sens, Captain Fantastic vaut autant pour son scénario hallucinant qui est tout sauf gratuitement larmoyant que pour sa mise en scène envoûtante et son casting parfait comprenant notamment la révélation George MacKay (How I Live Now), ici contre-poids d'un Viggo Mortensen comme d'ordinaire habité par son personnage.
Sincère, décalé, touchant et maîtrisé d'une main de fer par un réalisateur concerné, Captain Fantastic ressemble à s'y méprendre à un coup de poing dans l'estomac, une bonne claque de daron qui remet les idées en place, du cinéma envolé dont on sentirait presque la rosée sur les pores de la peau. Un chef-d'œuvre d'une intelligence rare.
— Les gens sont tellement gros ! Ils sont malades ?
— Tu peux penser ça des gens mais tu ne peux pas te moquer d'eux, pas vrai Papa ?
— C'est exact. On ne se moque pas des gens...
— Sauf des Chrétiens.
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Créée
le 13 nov. 2020
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