If you assume that there is no hope, then you guarantee that there will be no hope

Pour être honnête, il n'a fallu que quelques minutes pour que le film m'embarque tant l'idée du scénario est intéressante. Imaginer la possibilité d'une vie anti-système, le tout en famille, avec de jeunes enfants et un parent seul, c'est un défi. Un défi qui nous semble être réalisé dès l'intrigue : des enfants cultivés et en bonne santé, qui semblent heureux dans un esprit de cohésion (même si on entrevoit déjà l'ambiance un peu dictatoriale du père).

Il y a tout simplement une partie de moi qui rêve de cette vie en lien avec la nature, plongé dans des livres d'intellectuels de gauche avec de la musique, du sport et des débats. Cependant, il est vrai que le père exerce un tel contrôle social qu'un esprit de secte, de police de la pensée, se fait ressentir.

Le turn over paraît évident : la rébellion de certains enfants pour plus de souplesse et d'ouverture au monde même si celui-ci fait partie du système. Cependant il n'apparaît pas n'importe comment, il est lié à la mort de la mère. Moment bouleversant émotionnellement qui est interprété à merveille lors de la scène du dévoilement de son décès aux enfants. On peut déjà sentir les prémisses de ce qui va se passer à la vie du comportement d'un des enfants. Cela me permet de préciser qu'iels jouent toutes et tous à merveille. Le père mérite amplement sa palme.

Mais alors pourquoi ne pas mettre une meilleure note ? Car j'ai été déçu des 30 dernières minutes. Ce tournant conservateur qui vient calmer les appétences anti-système de la famille, met un gros coup d'arrêt à l'utopie (jonchée de défauts certes) en marche. Et là on s'arrête de rêver. Comme si le changement n'était qu'un mirage.
Alors, il faut rester mesuré, les enfants choisissent de rester chez leur père, de continuer à manger ce qu'iels produisent, de citer Chomsky (merci de mettre cet intellectuel en avant ! Une idée géniale de fédérer autour de symboles plus porteurs, vive le Noam Chomsky Day), etc. Cependant iels redeviennent sédentaires, vont à l'école, etc. Ce n'est pas une fin réellement conservatrice mais elle limite le rêve là où, selon moi, la fiction doit non seulement l'autoriser mais l'étendre.

Le petit bémol : leur mode de vie qui apparaît écolo, avec un respect de l'animal et le choix par exemple de ne pas tuer le mouton, ne s'incarne pas jusqu'où bout avec par exemple le plus âgé qui part en avion.
Le petit + : pour une fois qu'un père parle à son fils de la notion de consentement et pas juste à sa fille !!!! MERCI

En bref : très bon film foncez, même si j'aurais aimé que le rêve dure plus longtemps (je suis peut-être un peu dur, ils vont quand même jusqu'à déterrer leur mère, le rapport au deuil étant d'ailleurs très festif, j'adore).