Le néophyte des comics que je suis s'est en premier lieu étonné de voir un personnage porter le nom même du studio dont il est issu. Par chance une bonne âme (qui se reconnaitra sans doute) a pris le soin de parfaire ma culture quant à Captain Marvel, ou plutôt devrais-je dire Carol Danvers, la nouvelle figure déjà emblématique du Marvel Cinematic Universe.
S'il ne s'agit pas ici du meilleur film du MCU, c'est indéniable, Captain Marvel n'en demeure pas moins très réjouissant. Bien que la présentation de son héroïne soit un peu complexe à saisir si l'on n'y connait rien à la culture des comics, dont le film confirme d'ailleurs encore plus l'étendue et l'exigence, il faut bien avouer que cette nouvelle figure cinématographique ne manque pas d'atout. En premier lieu elle demeure bien plus humaine qu'elle le laisse croire, son passé ayant des conséquences directes sur son nouveau statut. Ses pouvoirs ne sont pas sans rappeler ceux de Wonder Woman chez la distinguée concurrence et pourtant les deux personnages malgré certaines similitudes évidentes, ont chacune des enjeux et des univers qui leur sont propres. Bien sûr leur point commun étant qu'elles sont toutes deux des figures féministes et en l’occurrence Captain Marvel est un film très clair sur le sujet.
Sans pour autant en faire son fer de lance, le film joue la carte de la femme forte et c'est ce qui le sert complètement. Notamment car Brie Larson insuffle ce qu'il faut de sensibilité à son personnage tout en sachant demeurer impériale dans les scènes d'action. L'actrice ne manque pas de charisme c'est indéniable, elle l'avait d'ailleurs déjà prouvé dans Room de Lenny Abrahamson en 2015, pour lequel elle avait chipé l'Oscar de la meilleur actrice, rien que ça. Une figure féministe donc mais à qui on ne réserve pas bêtement le même traitement qu'un héros masculin et heureusement. Le film s'attachant surtout à s'ancrer parfaitement dans le MCU, avant un Avengers : Endgame qui s'annonce déjà comme l'un des éléments incontournables de la pop-culture, au même titre qu'Avengers en 2012.
Toutefois Captain Marvel ne fait pas que préparer le terrain pour le film suivant, il fait aussi son job d'origin story. Pour cela il use de tout ce que Marvel fait depuis dix ans maintenant au cinéma. La recette fonctionne et le studio ne semble pas décidé à vouloir la changer. Alors c'est sans surprise que Captain Marvel se révèle être riche d'un fort potentiel sympathie. Le film sait divertir, ce qu'on lui demande entre autre et pour cela il use souvent des grosses ficelles propres aux scénarios du MCU, jamais au détriment de la cohérence entre les divers films cela dit. S'il y a bien une chose qu'il faut reconnaître à Marvel Studios, c'est cette capacité à faire perdurer la cohérence de son univers, là où il serait pourtant si facile de se planter.
Malgré tout le film accuse aussi quelques faiblesses. Son rythme est bon, mais son scénario manque parfois de relief et s'avère trop souvent prévisible, un constat qu'il devient assez agaçant de faire à chaque nouveau film. On notera aussi que si les musiques additionnelles sont soigneusement choisies bien que le principe fasse évidemment beaucoup penser aux Gardiens de la Galaxie, les partitions de Pınar Toprak manquent cruellement d'épaisseur. Quant aux effet-spéciaux ils sont pour la plupart assez sommaires et cela demeure trop visible dans les scènes importantes, notamment lors du climax. Côté casting en revanche tout va bien. Brie Larson comme écrit plus haut s'en sort bien, à l'instar de Jude Law et Samuel L.Jackson. Évidemment le regretté Stan Lee a droit à son caméo, plus tendre d'ailleurs que d'habitude, mais il faut surtout noter ce bel effort de la part du studio lors de l'apparition du logo avant le film où le scénariste légendaire des comics reprend les rôles de ses personnages à la place des acteurs. Un bel et émouvant hommage savamment bien pensé et surtout bien amené.
Finalement Captain Marvel compense ses faiblesses par sa générosité et la mise en place de son héroïne. Si toutefois on regrette que le scénario ne soit pas plus fourni, il prépare néanmoins parfaitement le terrain quant à la suite. En somme un divertissement réussi qui aurait gagné à prendre plus de risques.