Ce film Marvel apparaît comme un savoureux mélange de clichés cinématographiques et de personnages fades au regard de la campagne publicitaire qui lui était dédiée. Le succès en 2017 du film Wonder Woman de Warner Bros devait donner une nouvelle impulsion aux super-héroïnes du grand écran ; qu’en est-il alors de celle-ci ?
Carol Danvers est un soldat Kree appartenant à une unité d’élite chargée de massacrer les restes du peuple Skrull avec lequel ils sont en guerre. Seulement l’opération en territoire inconnu tourne au vinaigre, et la jeune femme échoue sur la planète Terre, qui lui semble étrangement familière. Une course contre la montre commence : parviendra-t-elle à démêler le vrai du faux de ses souvenirs, comprendre l’objectif réel de ses poursuivants avant que ceux-ci ne parviennent à s’emparer de ce qui semble être une arme de destruction massive ?
Le film assume pleinement son ambiance « nineties », ses costume et ses armes bien trop tape-à-l’œil pour être décemment portés, sans jamais passer la barre de l’excès à l’image d’un Aquaman tout en muscles et pistolets à eau bariolés. Et pour cause, la recette Marvel a encore de beaux jours devant elle : souvent imitée mais rarement égalée. Pourtant le film nous laisse un arrière-goût amer ; comme une impression de déjà vu dans cette immense toile ébauchée il y a une dizaine d’années. Et pour cause, il n’excède ni ne vise jamais à dépasser cette même recette, et s’emploie même à y faire référence tout du long ; au risque de nous perdre dans des clins d’œil maladroits qui ne sauraient parler qu’aux plus dévoués. Certaines idées visuelles sont également intéressantes ; des couleurs iridescentes aux plans dans l’espace, sans oublier les effets lumineux des rayons photoniques ; quoique vite contrebalancés par l’inexistence d’un fond. S’il est certes plaisant de voir Samuel L. Jackson revenir à sa prime jeunesse, rire de ses frusques parfois poussives et en apprendre plus sur l’univers Marvel, certains caméos auraient mieux fait d’en rester. A quoi bon nous réintroduire le personnage de Ronan, mort en 2014 dans le premier volet des Gardiens de la Galaxie, sinon pour plaire au public de ces derniers ? Relégué au statut d’antagoniste de l’ombre, il supplante Thanos et sert uniquement à nous tendre les ficelles du scénario déjà évident ; ce malgré les efforts de Jude Law pour rendre son personnage sympathique. Par ailleurs un film, quel qu’il soit, ne devrait pas être dépendant de l’univers étendu dans la mesure où ses éléments apparaissent d’un regard extérieur comme des ajouts bancals et surtout inutiles au scénario. La bande-son d’apparence atypique reste assez oubliable, comme l’ensemble du récit ; finalement une banale quête initiatique pour un personnage sans couleur, réduit à sa fonction d’être surpuissant à faire pâlir un Thanos bien pourvu en la matière. Alors que certains films du MCU comme Black Panther ont été salués par la critique et même primés aux Oscars, Captain Marvel n’échappe que difficilement aux contraintes hollywoodiennes, tant sur le plan du jeu que de la forme.
Le film n’est pas mauvais en lui-même ; simplement vide d’intérêt sinon celui de préparer au dernier Avengers, à paraître dans un mois. En outre Captain Marvel n’est-il que le porte étendard d’une bande-annonce de plus de deux heures. Ce qui est assez frustrant, étant donné l’engouement du public pour ce qui devait être le premier film Marvel avec une femme pour personnage principal.