Des chiens et des hommes (en pièces détachées)
Genre : Attention Yougoslaves méchants !
Premier long métrage de Yann Gozlan, Captifs fournit un bel exemple de méchants tellement méchants et caricaturaux qu'ils en deviennent des méchants nanars. Dans ce survival (Massacre à la tronçonneuse, Délivrance) à la française, trois humanitaires rentrent du Kosovo après une mission. A la suite d'un malencontreux détour, ils se retrouvent nez à nez avec des Yougoslaves moustachus, visiblement malintentionnés.
Le film se veut premier degré brut de décoffrage mais frise souvent le ridicule, tant les scénaristes ont eu la main lourde en élaborant leurs bad guys. Les ravissants ravisseurs ont des tatouages en cyrillique sur le dos, de gros chiens, ne parlent pas mais aboient et boivent, se livrent à divers trafics, aiment les outils tranchants et, surtout, les pièces détachées en tout genre (voitures ou êtres humains). Ils possèdent deux costumes : combinaison de l'Epouvantail de Batman pour les rapts, marcel pour les activités courantes.
Mais ces ferrailleurs ne sont que les sbires. Le cerveau du crime ? Le docteur yougoslave moustachu. Pour bien montrer que ce charmant monsieur est médecin, Yann Gozlan choisit de le vêtir en permanence avec une blouse blanche. L'homme ne s'en départ jamais, sauf lorsqu'il la troque contre un habit de chirurgien pour charcuter ses victimes.
En plus d'être rustres, les méchants sont franchement sadiques. Ils ont mis le téléphone le plus terrifiant de l'histoire du cinéma dans le couloir des cellules, afin que nos héros soient au courant dès qu'un client commande leurs reins, leurs yeux ou leur pancréas.
Les acteurs sont plutôt bons, le moins crédible étant Eric Savin. Son personnage réalise des prouesses : ouvrir des fenêtres sans poignée et détaler comme un lapin avec une balle dans la jambe. Zoé Félix, quant à elle, reste figée à côté d'une mine antipersonnel. Boum ! Mis à part quelques acouphènes, tout va bien.
Toutefois, le paroxysme nanar ne réside pas dans ces quelques incongruités, mais dans l'apparition d'un nouveau personnage : la femme yougoslave moustachue. Comme dans la famille on aime bien découper des trucs, elle prépare un bon petit plat à base de sanglier, qu'elle a préalablement saigné dans la cuisine. Pour un métrage « inspiré de faits réels » (à ce compte-là, de nombreux films d'horreur pourraient être estampillés de cette mention dopant le box-office), on frôle le grand-guignol.
Malgré son manque flagrant de second degré, ses méchants trop caricaturaux et son psychologisme bas du front, Captifs réserve tout de même quelques effrayantes idées de mise en scène et devrait séduire les inconditionnels du genre.