Préparez-vous pour une plongée au cœur d’un asile de femmes au 19ème siècle, un asile où on enfermait toutes femmes contrevenant à la bien pensance de l’époque, sans forcément qu’elles n’aient le moindre signe de maladie mentale, mais simplement parce qu’elles pouvaient déranger, parce qu’elles n’entraient pas dans les codes qui leurs étaient imposés. Bien sûr, même si certaines femmes étaient en souffrance réelles, pour beaucoup, ce n’était pas leur place, d’autant plus lorsque nous sommes les témoins directs des traitements qui leur ont été infligés, traitements que l’on ne peut décemment pas qualifiés de médecine, mais plus de tortures et de maltraitances en tous genres, mais en définitive, absolument rien qui ne peut aider à se sortir de cette prison, qui semble finalement n’exister, que pour enrichir ceux qui la dirigent. Pire encore, il était de coutume de faire participer ces malades à des bals, où toute la bonne société était invitée, les exposants tels des monstres de foire, des bals où tout était autorisé, même le pire, parce que ces femmes n’avaient pas leur mot à dire, n’avaient parfois même pas la possibilité de refuser quoique ce soit, même les sévices les plus inimaginables. C’est un environnement révoltant qui s’ouvre donc à nous, dans tout ce qu’il a de plus terrible, une vision effrayante de la façon dont les femmes pouvaient être traitées il n’y a pas si longtemps que ça encore, le plus difficile étant d’accepter que ce sont également des femmes qui géraient ces endroits et imposaient ces traitements à leurs propres consœurs, sans le moindre état d’âme. J’ai beaucoup aimé la réalisation d’Arnaud des Pallières, sa façon de mettre en lumière cet univers si difficile, un univers qui a déjà été exposé, il y a peu d’ailleurs, mais auquel il apporte sa propre vision, lui donnant une identité propre et surtout, l’abordant sous un angle tout à fait passionnant. Visuellement, malgré un côté sombre inhérent à cet environnement d’enfermement, c’est un travail extrêmement lumineux, qui fait la part belle aux couleurs, extrêmement saturées, elles viennent adoucir un cadre si profondément violent psychologiquement, c’est à mon sens, un véritable petit bijou artistique. En ce qui concerne le scénario, j’ai beaucoup aimé son angle de vue, presque sur fond de thriller, l’immersion dans cette asile se fait volontaire, elle possède un véritable but, un sens, elle n’est pas seulement là pour dénoncer une situation insoutenable, mais aussi pour trouver des réponses à une blessure tout à fait personnelle. Une intrigue que j’ai trouvée pleine d’intelligence, très subtile, certains auront peut-être la sensation qu’elle ne va pas au bout des choses, à mon sens, elle met pourtant le doigt sur une réalité, celle de se dire que malgré tout, il est peut-être trop tard, que même si la vérité éclate, on ne peut parfois rien faire pour la réparer, parce que la blessure est trop profondément ancrée et que vouloir la soigner, n’est pas toujours suffisant. Quant au casting, c’est clairement le point fort de ce métrage, il est absolument bluffant dans son ensemble, Mélanie Thierry est tout simplement époustouflante et les rôles de Josiane Balasko, ainsi que de Marina Foïs font littéralement froid dans le dos.
En bref : Un film percutant, révoltant, sur les asiles de femmes à une époque pas si lointaine, des asiles qui ont finalement tout d’une prison où tout était permis, même le pire, dépossédant les femmes de toute leur humanité, un cadre ô combien difficile, parfois insupportable, mais qui vient servir une intrigue personnelle, presque un thriller, un récit profondément bouleversant, auquel il est impossible de rester insensible !
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