"Carandiru" est surement la première réplique du séisme que fut la sortie de "La cité de Dieu" en 2001 pour le cinéma brésilien. Soudainement le cinéma Brésilien s'est réveillé en se disant : "Nous aussi on a des histoires de gangsters à raconter !"...
"Carandiru" c'est l'histoire d'une prison, une prison surpeuplée au bord de l'implosion. Une prison qui a réellement existée et qui fut détruite en 2002 juste après le tournage, qui a tourné dans ses murs à l'abandon. Le scénario est basé sur l'expérience professionnelle du médecin du réalisateur Hector Babenco, qui opérait au sein de la prison en question et qu'il poussa à écrire son expérience dans un livre.
La mise en scène de Babenco n'est cependant pas dans la même lignée que "La cité de Dieu" qui était un véritable coup de poing d'une violence extrême. La première moitié de ce film s'attache surtout à raconter les histoires personnelles de ses prisonniers. Des histoires d'amitiés, de trahisons, d'amours ou de malchances. Et c'est bien le problème de ce film... Les prisonniers sont majoritairement dépeint avec une certaine complaisance qui les rends très attachants et humains et il n'y a pas d'antagonistes à la mise en scène comme l'avait fait Alan Parker dans son "Midnight express", qui avait la justice turc en ligne de mire. Du coup cette révolte finale n'a pas l'éclat qu'elle aurait pu avoir si la réalisation avait su faire monter la pression avec un arc narratif parallèle. Tout juste explique-t-on le massacre final par l'approche d'une élection politique. Voilà l'antagoniste qu'il aurait fallut au film ! Mais Hector Babenco n'a certainement pas voulu affronter véritablement le sujet.
Il restera tout de même un film marquant du cinéma brésilien contemporain, le plus gros budget brésilien en son temps, qui contribuera au renouveau de l'intérêt pour le cinéma national dans son pays et fut sans nul doute le pied d'estale pour les futurs blockbusters "Troupe d'élite" (1 et 2) qui sortiront en 2007 et 2010. Son succès engendra une série TV de 10 épisodes racontant d'autres histoires de prisonniers. Hector Babenco en réalisera 2 épisodes.