Connu dans l'histoire du cinéma japonais pour être le premier film en couleurs, Carmen revient au pays est une comédie musicale qui confronte deux états de la société nippone. D'une part, le conservatisme de paysans dans une contrée isolée, perturbée d'autre part par le retour au bercail de la jeune Kin, qui fait carrière à Tokyo et dans le monde en tant que danseuse, qui va par sa personne montrer que le monde bouge. N'oublions pas que nous sommes au lendemain de la guerre.
Le comique réside dans la présence même de Kin, jouée par la délicieuse Hideko Takamine, accompagnée de son amie danseuse elle aussi, avec un décalage sur ces villageois qui paraissent pour elle d'un autre temps. Ce que son père ne supporte pas, car il découvre que dans ses numéros, elle se dévêtit ; ô horreur !
L'argument principal du film étant sa couleur, il faut dire que l'image y est magnifique, là aussi travaillée sur le côté sombre, représentée par la terre, de ce village, et le côté feu d'artifice de ces deux femmes, qui arborent de somptueuses tenues.
De par sa nature limite subversive, qui prône la joie et le plaisir dans un Japon encore exsangue de ses plaies de la guerre, le film est une belle réussite, qui en dit plus que sa nature limite simplette.
C'est l'image d'un Japon qui veut aller de l'avant, jusqu'à cette scène de la danse devant un public dans une cabane en bois, avec là aussi un apport occidental qui a dû étonner les spectateurs de l'époque, avec des gestes lascifs jusqu'au retrait des vêtements des deux femmes, mais nous ne verrons rien, seulement leurs jambes. Avec le regard sans équivoque des hommes...