Carne
6.9
Carne

Moyen-métrage de Gaspar Noé (1991)

Un court surprenant, plein de haine et de violence. De rancoeur, de haine masquée, comme si une sorte de volonté vengeresse sans justification restait tapie dans l'ombre pour prendre la moindre raison justifiant une débauche de violences, verbales, picturales et physiques. Une sorte de désir destructeur à tout les coins de rues, tout les coins de bouches. "VOUS. Êtes-vous à l'abri d'un dérapage?", pas ce genre de dérapage contrôlé non, dérapage furieux. Dans ce court je commence à m'habituer à l'oeuvre de Gaspard Noé qui au fil de ses courts démontre un réel talent visuel. On peut dire ce qu'on veut, lui reprocher sa violence, son exubérance visuelle, mais quel talent pour donner du fond. Il n'y a pas grand chose mais avec rien il y a de la consistance, de la densité scénaristique, des personnages avec une vraie existence.

Le scénario est violent, exécrable et détestable, mais a une très forte densité dramatique te expiatoire. Une profondeur, une profondeur!!! Quelle puissance, un puit de haine et de violence refoulé, provoqué par le désir incestueux du père effroyablement vide de sentiments et de passions. Un boucher. La patte Noé, puissant. Je laisserai cependant chacun se faire une idée du fond des propos tenus.

Visuellement parlant, une teinte rouge stressante, le drame est là il est tapi, il attend. Jean Renoir disait dans son introduction du film"Le Testament du docteur Cordelier": "Il est très difficile de situer exactement le commencement d'un drame. Souvent le drame est déjà installé dans la vie des victimes, sans que celles-ci se doutent le moins du monde de sa présence". En partie valable ici, mais pas tellement, car il y a un ressenti vis-à-vis des personnages, une attente de violence. Comme l'anecdote des lames de rasoir sur les toboggans, la scène d'abattage du cheval, la monotonie consternante, l'arrivée dans une scène à la fin d'une conversation. La résonance de "Ti Amo" va être fatale, comme un appel. La pesanteur ambiante est évidente.

Pour le reste je laisserai juger au regard de chacun. Toujours est-il que ce court est marqué du style Noé qui est inégalé, ou personne ne veut peut être l'inégaler et c'est tout aussi bien car ce serait difficile de le copier.
TheDuke
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le 17 févr. 2013

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