Two Lovers
Avec cette mise en scène, que ne renierait pas Wong Kar Wai version In the mood for Love, la discrétion des sentiments sied parfaitement à une nomenclature esthétique au souffle court, qui fait...
Par
le 13 janv. 2016
129 j'aime
26
La beauté de ce film est quelque chose de rare. Elle s'empare de vous par les mots, les gestes et les regards, au détour d'une photo volée ou d'un voyage improvisé. Carol ouvre les sens et la photographie nous installe immédiatement dans un drap qui nous plonge dans un paysage des années 50, clôturé par les normes et les inégalités.
Todd Haynes nous dévoile un bonbon de simplicité, de tendresse et de fragilité. Dés la première scène, toute la puissance de l'amour entre Carol et Thérèse se fait sentir. La douleur mêlée à la peur que déclenche la genèse de cet amour nous confine dans un gigantesque huis clos, au centre de New York. Le format 1:1 aurait pu être judicieux puisque le seul plan large du film se situe lorsque les deux femmes partent en voyage, comme une délivrance. On assiste alors au coup de foudre, qui tétanise le cœur. Cet élan reste étonnamment très discret. Cate Blanchett et Rooney Mara montrent qu'elles sont de grandes actrices avec une aisance folle. Todd Haynes est également très fort, très sensible a la nature en proposant un cadre doux, essentiel, sur des plans fantastiques où traversent gouttes, flocons, buée et quelques prairies, ce qui crée un cadre encore plus intimiste. Les costumes - citons ce fantastique bonnet rouge et vert - accentuent la timidité et la pudeur des deux personnages, de même que la musique de Carter Burwell qui crée une véritable connection.
Parlons un peu de Cate Blanchett quand même ! Réincarnée en déesse Nemesis à la classe folle et d'une fureur conquérante, elle tient le jeu entre ses mains, prête à abattre ses cartes et utiliser avec tact son charme ravageur cachant avec fierté ses blessures. Sa fille et son expérience de couple lui permettent de se battre dans cette guerre des mœurs où son combat se transforme petit à petit en une fugue douloureuse. À ses côtés Rooney Mara. Un détonateur reliant tout droit à la finesse et à l'intelligence prêt à faire jaillir une passion démesurée. Ce qui est beau c'est que les rôles finissent par s'inverser. C'est d'ailleurs cette dualité qui permet au film de tomber dans des émotions si vives et si tranchantes.
Carol est aussi un combat de société et d'égalité, exposé de manière discrète et très fine. C'est un film inédit où le récit l'emporte sur les communautés pour créer un séisme encore plus fort dans les remous du mouvement conservateur de notre époque.
La trajectoire finale est un brouillard mystérieux qui nous laisse ouvert à vif jusqu'à la dernière scène. J'en saigne encore.
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à sa liste Films vus en 2016 (au cinéma)
Créée
le 13 janv. 2016
Critique lue 1.3K fois
25 j'aime
2 commentaires
D'autres avis sur Carol
Avec cette mise en scène, que ne renierait pas Wong Kar Wai version In the mood for Love, la discrétion des sentiments sied parfaitement à une nomenclature esthétique au souffle court, qui fait...
Par
le 13 janv. 2016
129 j'aime
26
Un lent mouvement de caméra le long des façades, de celles où se logent ceux qui observent et qui jugent, accompagnait le départ de Carol White qui s’éloignait Loin du Paradis. C’est un mouvement...
le 31 janv. 2016
125 j'aime
7
Il y a 20 ans Todd Haynes choisissait comme ligne de conduite avec Safe puis Far From Heaven de filmer la femme au foyer américaine, de sa capacité à exister dans un milieu ne favorisant pas...
le 12 janv. 2016
52 j'aime
12
Du même critique
Malgré une intention louable et un casting impliqué (Benoit Magimel en tête suivi de Rod Paravot et Catherine Deneuve), La Tete Haute s'enfonce dans la caricature. Outre les dents jaunes poussin de...
Par
le 17 mai 2015
17 j'aime
7
Il faudrait attendre plusieurs années pour voir l'impact qu'aura cet album sur le monde du hip-hop, qui à coup sûr restera ancré comme un classique, une résurrection. S'il avait déjà réussi son coup...
Par
le 16 mars 2015
14 j'aime
Après trois projets en quelques mois, dont le décevant A Better Tomorrow qui signait le retour du Wu, Ghostface retrouve enfin son flow, soulevé par la direction cabaresque du trio de jazz canadien...
Par
le 19 févr. 2015
9 j'aime
1