Two Lovers
Avec cette mise en scène, que ne renierait pas Wong Kar Wai version In the mood for Love, la discrétion des sentiments sied parfaitement à une nomenclature esthétique au souffle court, qui fait...
Par
le 13 janv. 2016
129 j'aime
26
C'est un film beaucoup plus compliqué qu'il n'y paraît. Parce qu'il y a Cate Blanchett, déjà, qui est comme d'habitude si belle qu'elle ne paraît presque pas humaine. Mais d'où vient donc ce visage, si puissant, si étrange ? C'est indiscernable, et dans Carol, c'est toujours très discrètement, par quelques gestes jetés au fond de la convenance, que l'indiscernable infuse. Chez Todd Haynes, la révolte est dans la nuance, la fièvre est dans le murmure, dans les yeux d'une actrice - ces yeux qui s'installent sur Thérèse pour ne plus la lâcher. C'est toujours avec élégance, mais une élégance qu'on pourrait aussi nommer rage, que le cinéaste nous émeut. Rage parce que cette élégance n'est pas refus de l'engagement. Ce que le film raconte, et ça va très loin, ce n'est pas tellement l'affirmation d'une identité, mais plutôt celle de l'être. Et le film se pose dans ce basculement vers l'être, cette chance, finalement, qu'ont eu Carol et Thérèse d'avoir pu commencé à exister ensemble. Comme dans cette scène où, affirmant assumer son histoire avec Thérèse, Carol lance à son mari, les yeux plein de larmes : "je sais que nous ne sommes pas des monstres" qui sonne comme une prise de conscience soudaine. Ce saut dans l'interdit donne à Carol enfin le sentiment de savoir qui elle est, et surtout, et c'est la beauté du film, qui sont aussi les autres.
J'ai trouvé le film beau, ambivalent et beau. Maintenant, là, tout de suite, j'aurai aimé que formellement, tout cela déraille un peu plus. Qu'il y ait un peu moins de beaux plans perçus comme tels, un peu moins de petite musique, et surtout, un peu moins d'encadrements de porte.
Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Prix d'Interprétation
Créée
le 23 janv. 2016
Critique lue 584 fois
11 j'aime
D'autres avis sur Carol
Avec cette mise en scène, que ne renierait pas Wong Kar Wai version In the mood for Love, la discrétion des sentiments sied parfaitement à une nomenclature esthétique au souffle court, qui fait...
Par
le 13 janv. 2016
129 j'aime
26
Un lent mouvement de caméra le long des façades, de celles où se logent ceux qui observent et qui jugent, accompagnait le départ de Carol White qui s’éloignait Loin du Paradis. C’est un mouvement...
le 31 janv. 2016
124 j'aime
7
Il y a 20 ans Todd Haynes choisissait comme ligne de conduite avec Safe puis Far From Heaven de filmer la femme au foyer américaine, de sa capacité à exister dans un milieu ne favorisant pas...
le 12 janv. 2016
52 j'aime
12
Du même critique
Dès le début, on sait que l'on aura affaire à un film qui en impose esthétiquement, tant tout ce qui se trouve dans le cadre semble directement sorti du cerveau de Wes Anderson, pensé et mis en forme...
Par
le 3 mars 2014
90 j'aime
11
Bon, c'est un très bon film, vraiment, mais absolument pas pour les raisons que la presse semble tant se régaler à louer depuis sa sortie. On vend le film comme "tarantinesque", comme "un pamphlet...
Par
le 14 déc. 2013
80 j'aime
45
Dans l'un des plus beaux moments du film, Cléo est adossée au piano, Michel Legrand joue un air magnifique et la caméra s'approche d'elle. Elle chante, ses larmes coulent, la caméra se resserre sur...
Par
le 23 oct. 2013
79 j'aime
7