Two Lovers
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Adaptation du roman du même nom de Patricia Highsmith, Carol est une belle histoire d'amour entre deux femmes. Rooney Mara et Cate Blanchett sont sublimes, dommage que la réalisation de Todd Haynes ne soit pas à la hauteur de ses deux actrices talentueuses.
Dès le premier regard, Carol Aird (Cate Blanchett) et Therese Belivet (Rooney Mara) vont éperdument tomber amoureuse l'une de l'autre. C'est beau de voir naître entre elles, le début d'une tendre passion. Mais dans les Etats-Unis des années 50, leur relation n'est pas acceptée par la société. De plus, Carol est en instance de divorce, une raison supplémentaire d'en faire une personne déviante aux yeux des bien-pensants.
Le magnifique portrait de deux femmes. Rooney Mara a obtenu le prix d'interprétation au festival de Cannes 2015. Mais comment dissocier Cate Blanchett de sa performance ? Elles méritent de partager ce prix, tant elles rivalisent de talent à chacune de leurs rencontres.
Therese Belivet est une jeune femme entrain de se construire. Elle suit un chemin classique, en vivant une relation avec Richard (Jake Lacy) et en occupant un emploi dans un magasin de jouets, qui ne l'enchante guère. Carol Aird est une femme mariée à un homme de bonne famille. Elle est aussi la mère d'une petite fille, mais ne supporte plus de vivre dans le mensonge.
Pour Carol Aird, Therese est un ange tombé du ciel. Elle fait sa rencontre dans une période où sa vie est devenue compliquée. Son mari Harge Aird (Kyle Chandler) n'accepte pas cette séparation et tente de la reconquérir par tout les moyens. Elles vont devoir faire fi des conventions sociales, pour vivre leur histoire d'amour.
Au début, on sent l'assurance de Carol. A la manière dont elle aborde Therese, mais aussi dans ses gestes où tout semble sous contrôle. Elle est la dominante face à cette jeune femme ne sachant pas dire non. Mais elle ne va pas instaurer un rapport de force, car derrière son élégance, se cache une immense détresse. Elle a peur de perdre sa fille, de devoir rejouer un rôle de femme qui ne l'a rend pas heureuse.
Elles s'aiment, cela se voit dans leurs regards et gestes. La caméra de Todd Haynes se fait pudique face à cette belle histoire. Il a le mérite de pas sombrer dans la facilité, de ne pas tirer sur la corde sensible, mais c'est aussi son plus gros défaut. Il y a une absence d'émotions fortes durant le film, qui gâche un peu le plaisir. On apprécie de les voir ensemble, de se tourner autour et de sentir leurs désirs. Mais le film n'offre rien d'autres. Cette relation vampirise tout autour d'elles, le reste du casting n'apporte pas grand chose. C'est lisse, alors que le sujet est brûlant. C'est un bel écrin, qui manque d'intensité, à cause d'une réalisation académique.
L'homosexualité est un sujet tabou dans les années 50. A notre époque, il est encore un sujet de discorde. On avance doucement, mais notre société a du mal à accepter ce qui sort des conventions qu'elle a établie. Le divorce est rentré dans les mœurs. La femme s'est émancipé et revendique son indépendance. Elle n'a plus besoin d'un mâle pour lui dire quoi penser et faire, c'est un beau progrès.
Dans le contexte du film, on ne ressent pas trop cette difficulté de vivre cette relation interdite. Les sujets délicats sont mis de côté, pour se concentrer sur les rapports entre ces deux femmes. Un choix limitant la porté émotionnelle du film. Dès que les deux actrices ne sont pas ensemble à l'écran, on ressent un vide. On a besoin de l'alchimie qui existe entre elles, sans ça, tout devient plus fade.
Todd Haynes ne réussit pas à transcender cette belle histoire d'amour. Sa réalisation est élégante, mais manque de vie, alors que Cate Blanchett et Rooney Moora ne cesse d'illuminer l'écran. C'est propre, mais cela manque de passion.
Créée
le 26 janv. 2016
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