On a l'habitude de dire que le cinéma français, contrairement à son homologue britannique, peine à décrire le monde du travail, si ce n'est de façon caricaturale ou affadie. C'est un peu moins vrai depuis que des films comme De bon matin, Violence des échanges en milieu tempéré ou même Maman a tort, ont traité le sujet avec une certaine acuité. Carole Matthieu s'annonce comme un film sans concession sur cet univers impitoyable en mettant le doigt là ou cela fait mal, à savoir sur la souffrance au travail. La description d'une plateforme d'appel et le management par la terreur sont parfaitement décrits par le film de Louis-Julien Petit, aucun reproche à faire de ce point de vue. Il y a malheureusement à dire sur une mise en scène nébuleuse et confuse qui fait dans le formalisme à côté de scènes totalement réalistes. Surprenant. Et puis, même si c'est à son corps défendant, Isabelle Adjani a tendance à phagocyter le récit, la caméra s'attardant sur son visage constamment crispé. Le peu de limpidité de l'intrigue et sa noirceur systématique découragent à la longue même si l'on ne peut que saluer les intentions de départ.