Situé dans un futur proche ou un univers parrallèle, "Carré Blanc" est un film inconfortable qui fait froid dans le dos du début à la fin.
La société occidentale est désormais complètement déshumanisée et ouvertement sadique. Des sentiments tels que l'amitié, la compassion ou la pitié sont morts. Dès l'enfance, certains gamins sont conditionnés pour être élevés au rang des dominants. Le rebut rejoindra le bétail des soumis, destiné à subir autant de tortures physiques que psychiques et où leur licenciement est synonyme d'acte de décès.
Sami Bouajila incarne Philippe, un cadre supérieur impitoyable, dressé pour écraser les faibles. Son job consiste à évaluer les employés par le biais de tests aussi humiliants qu'absurdes et violents. Il agit ainsi pour le compte de Carré Blanc, une entreprise omnipotente aux activités variées allant de la nourriture au ramassage des suicidés qui jonchent le pavé (le lien éventuel entre les deux ne sera jamais clairement établi, laissant un doute macabre subsister).
Marie (Julie Gayet), sa femme est désireuse d'enfanter en ce monde morbide grâce à une étincelle d'humanité et d'amour qui la maintient en vie.
Jean-Baptiste Leonetti n'a tourné aucun de ses plans au hasard, son film est d'une beauté photographique ultra soignée tant au niveau de l'éclairage que du cadrage. Une telle méticulosité façonne un univers à la fois métallique, bétonné, aseptisé, rigide et froid comme de l'azote.
"Carré Blanc" n'est pas exempt de références, on y trouve des arrière-goûts de "Soleil Vert", "Orange Mécanique" pour les accès de violences et un univers graphique proche de celui de "THX 1138".