Faire une nouvelle adaptation de "Carrie" était une idée assez casse-gueule, étant donné la popularité du film de De Palma (qui ne m'a pas vraiment laissé un souvenir impérissable étrangement), mais pourquoi pas ? Après tout le challenge consistant à inscrire cette histoire dans un univers moderne, pouvait être intéressant à relever. Mais est-ce que ça fonctionne justement ?
Non, malheureusement ce film qui n'est pas un remake à proprement parler, n'est même pas une bonne adaptation. La raison à cela étant son côté trop teenage-movie, un gros problème puisque cette histoire n'a pas besoin des clichés qui incombent ce genre pour être intéressante. Kimberly Peirce n'a visiblement pas sut puiser dans la force de cette histoire, n'en faisant au final qu'un film manichéen pour ado boutonneux et braillards qui emmerdent tout le monde pendant les séances de film d'horreur dans les cinéma.
La seule chose qui lie les deux actrices principales sont le sur-jeux qu'elles s'emploient toutes deux à pratiquer, c'est bien dommage, surtout venant d'une actrice comme Julianne Moore qui ne devrait plus rien avoir à prouver. Sans oublier bien évidemment Chloë Grace Moretz qui n'est pas crédible un seul instant.
La dimension spirituelle qui sert à expliquer la relation compliquée entre la mère et la fille, n'est jamais exploitée de manière habile, ainsi les personnages nous sont dépeints de la manière la plus simple possible. La mère est la méchante du film, et elle a engendrée une sorte de double qui tente de changer pour être meilleur. Seulement voilà, le sur-jeux insupportable de Moretz ne nous permet pas de nous attacher à ce personnage, ainsi toutes les scènes qui auraient put créer une once d'émotion la concernant, sont ratées. Sans vouloir comparer ce film avec celui de De Palma, Sissy Spacek dans le film de 76 avait un jeu très subtil où tout passait principalement par le regard (souvenons-nous de la scène du bal de promo), l'actrice parvenait à conférer au personnage une aura terrifiante sur la fin du film, mais beaucoup plus tendre et touchante au début, ce que ne parvient pas à faire Moretz qui se contente d'avancer la bouche entre-ouverte et les yeux écarquillés en pointant sa main devant en elle pour symboliser ses dons de télékinésie.
C'est bête à dire, mais le personnage de Carrie White a en quelque sorte besoin d'être victimisé pour être intéressant, tout son être, ce qui influence sa vie dans l'histoire ne sont que les résultats de l'éducation de sa mère. Dans cette nouvelle adaptation, Kimerbely Peirce ne s'attarde pas assez sur tout cela, ce qui n'empêche pourtant pas le film d'être très lourd, mais dans le mauvais sens du terme. On peut facilement donner une atmosphère lourde et pesante à une scène si elle est bien interprétée, cependant le contraire est tout aussi possible lorsque l'on dirige mal ses acteurs. C'est le cas ici, et "Carrie: La Vengeance" se révèle au final très longuet et lourd.
Mais pourtant tout n'est pas à jeter, bien que le film soit un vrai ratage en terme d'écriture et d'interprétation, il n'en demeure pas moins que le côté technique est quant à lui tout à fait correct. La mise en scène notamment, elle surprend au départ par son côté très aérien, chose assez inhabituelle dans ce genre de film. La photographie n'est pas non plus en reste, très criarde, mais finalement assez raccord avec cette histoire. Quant aux effets spéciaux bien qu'ils soient parfois douteux, il n'en demeure pas moins qu'ils sont au service de scènes réellement intéressantes. Le bal de promo et les évènements qui suivent ensuite, en sont des preuves, Peirce semble s'être amusé de ce côté-ci malgré la petitesse du budget.
Soulignons en revanche que la bande-originale de Marco Beltrami n'est pas raccord avec l'ambiance du film, certains morceaux sont beaux, mais n'ont pas leur place ici.
"Carrie: La Vengeance" est donc un film raté, pas foncièrement mauvais, mais très maladroit, si Kimerbly Peirce possède quelques qualités de metteuse en scène, elle n'en n'est pas moins une vraie tâcheronne pour ce qui est de l'adaptation, ajoutons à cela un duo d'actrices qui surjouent constamment, et nous obtenons là une oeuvre dont l'intérêt n'a d'égal que le public qu'elle est censée captiver.