Cars quand c’est sorti en 2006, j’avais sept ans, j’étais donc le public cible. Sauf que déjà à l’époque, Cars m’apparaissait comme un film très moyen venant de la firme Pixar. Et pendant très longtemps, je disais “Cars ? Voyons, mais c’est un mauvais film”. Sauf qu’avec le recul, Cars est loin d’être un mauvais film, ni un mauvais dessin animé. Cars a le malheur d’être comparé aux autres films de Pixar, une compagnie réputée pour la qualité phénoménale de ses longs-métrages. Après Toy Story, Le Monde de Nemo, Les Indestructibles et surtout Monstres & Cie, se retrouver face à cette histoire de bolide qui roule plus vite que l’éclair et qui se retrouve bloqué dans un p’tit bled paumé dans le Texas...mouais.
Donc je corrige ce que j’ai dit pendant des années. “Cars ? Voyons, c’est un film sympathique mais un bien mauvais Pixar”. Et c’est là où le bât blesse et où je me montre si sévère dans ma note (j’aurai clairement pu lui mettre un 7 voir un 8) : pour moi, Cars ressemble bien plus à un film de Blue Sky Studio (et c’est pas un compliment venant de moi). Ce qui fait la spécificité de Pixar, son essence même, c’est ses concepts. Et pour étayer mon propos, je vais prendre mon Pixar préféré à savoir Monstres & Cie.
Monstres & Cie part d’une idée très originale. Les monstres cachés dans notre placard sont en fait des employés d’une usine dont la ressource énergétique provient du cri d’enfant. Le détail qui tue, c’est que ces monstres craignent le moindre contact avec les enfants qu’ils pensent toxiques. S’ensuit une gamine qui débarque dans le monde des monstres et c’est la panique. Là où je veux en venir, c’est qu’une telle histoire n’aurait pu se raconter sans le concept de base de Monstres & Cie. C’est ce qui rend le film unique et inédit, on ne retrouve cette histoire nulle part ailleurs. Histoire qui mène par ailleurs à tout un questionnement sur le capitalisme et la peur de l’étrangeté suscitée par les à priori. Bref, Monstres & Cie...est un chef d’œuvre.
Même exercice de description avec Cars. Cars raconte l’histoire d’un compétiteur égoïste qui ne pense qu’à accomplir des rêves d’argent et de gloire. Ce compétiteur se retrouve bloqué dans une ville un peu vieillotte et au contact de ses habitants, notre héros va apprendre de ses erreurs, s’ouvrir au monde et développer des valeurs plus humanistes à grand renfort d’amitié. Le concept du film, c’est que tous les personnages sont des voitures. Déjà, je trouve ça très léger comme concept, mais c’est surtout la manière dont John Lasseter l’exploite qui pose problème. Il n’en fait rien. On pourrait retirer le concept des personnages/voitures, le film serait le même. Pire encore, le concept est si peu exploité que Cars fait l’erreur ultime : il ressemble à n’importe quel long-métrage pour enfants. Et ça, chez Pixar, je trouve ça inadmissible. Pixar, c’est l’équivalent des Legend of Zelda pour les jeux vidéo, le public est habitué à recevoir de grandes œuvres, alors quand on lui sert quelque chose qui ne sort pas de l’ordinaire, on râle. Le public est exigeant, il peut être un sacré enfoiré, mais dans ce cas de figure, je pense qu’il a raison.
Parce que du coup, le public adulte habitué des films Pixar de haute qualité voit bien que ce Cars ressemble un peu à tout et par conséquent à pas grand chose. Finalement, les seules personnes qui sont vraiment fans de Cars que j’ai croisé, ils avaient jamais plus de sept ans.
Et attention, je ne dis pas là que ces enfants ont tort d’apprécier Cars, je pense même qu’il s’agit d’un honnête bon film pour jeunes. Mais le cinéphile exigeant, lui, il attend plus de Pixar qu’une simple fable nostalgique sur les voitures de collection et les villes du Texas pleine de vie au cours des 50’s.
Alors après, je dois rester raisonnable dans mon appréciation de Cars. Car même s’il est donc un mauvais Pixar à mes yeux, c’est un film bien exécuté. L’évolution de Flash McQueen fonctionne, ses interactions avec les habitants de Radiator Springs sont sympas et certains paysages sont tout bonnement splendides (et c’est quelque chose de très mis en avant dans le film). Et puis merde, les scènes de courses sont quand même foutrement bandantes ! Bon après, je reste très hermétique face à l’humour du film et je suis très étonné que ça soit Lasseter qui nous ponde ça, lui qui arrivait à nous faire rire aux éclats avec ses deux premiers Toy Story (après, évidemment qu’il n’était pas seul à bord). Une grosse part du comique chez Pixar passe par des personnages qui gesticulent et...bah c’est des voitures, les mouvements sont très limités...c’est con.
Enfin bref, trêve de bavardages, ne tirons pas d’avantage sur l’ambulance. Je n’aurai aucun souci à montrer Cars à un enfant, mais ce serait certainement pas celui-ci que je choisirai en premier.