Eventail de stars aphrodisiaques, Scott aux commandes, Cartel s’annonçait comme la production hollywoodienne décevante de conventions et de moyens. Surprise les gars ! Ici, tout est sombre, tout finit mal, tout dérange.
Le réalisateur ne s’écarte pas tant de la science-fiction qu’on lui connaît : chaque personnage est un vaisseau spatial traversant le champ, longuement, à pas de félin, à pas tranquille. Les dialogues sont des ovnis, aériens. Le film prend toute sa dimension dans des discussions, impensables, dans des conversations méta-tarentinesques déroutantes.
N’attendez pas l’happy-ending. Si vous croyiez que les Etats-Unis n’étaient plus capables de nihilisme que dans les séries TV, regardez Cartel et revoyez votre jugement.
Tout va mal, tout le monde meurt, l’image est belle, les acteurs sont déments.
Bardem est orange de folie, Fassbender est beau de détresse, Pénélope joue avec doigté, Cameron est enfin prise au sérieux et Brad Pitt retrouve l’obscur du déroutant et brillant « Killing me softly ». Ce cocktail détonnant de stars à contre-pied hypnotise et bouleverse.
Voyez Cartel pour Javier Bardem racontant avec honte comment sa belle a fait l’amour à une décapotable, voyez-le pour une conversation téléphonique inédite et déroutante, voyez-le en noir, brut, tel quel. Voyez Cartel avec souffrance et beauté… comme il est.